Ça a commencé. Ils sont des milliers à avoir mis leurs photos sur les murs de nos villes et villages. Des hommes et des femmes de tous horizons et de toutes les couleurs. Une vrai nouvelle classe politique est en train de naître. Qu'ils ou qu'elles gagnent un siège ou ne gagne rien ce n'est pas le plus important. Ces milliers d'hommes et de femmes sont en train de mettre en place les premières pierres de la démocratie tunisienne, et c'est une mission proprement historique Depuis l'indépendance et notamment justement les premières élections à la premières Constituante de la première République, nous n'avons connu que les votes non démocratiques du parti Destour et de sa suite le RCD pas plus démocratique. Il y a de Tunisiens qui sont nés avec l'indépendance et qui ont atteint et dépassé aujourd'hui 50 ans de leur âge sans avoir jamais mis les pieds dans un bureau de vote. Le Destour et sa suite le RCD ont monopolisé la vie politique du pays pendant plus de 55 ans et ont ainsi confisqué le droit de milliers de Tunisiens à participer à la vie politique de leur pays. Ce qui est affligeant encore dans ce pays, c'est qu'il se trouve aujourd'hui dans la classe politique des gens qui se présentent sous les couleurs et l'idéologie du Destour pour quel discours politique? On ne le sait pas, mais ceci c'est la joie du jeu démocratique Nous vivrons pendant les 3 semaines de la campagne électorale des jours mémorables pour notre pays et pour nous tous. Bien sûr qu'il y aura de ratages ici et là, des discours alambiqués et des mirages distribués à droite et à gauche comme ce parti qui distribue des prospectus dans les boîtes à lettres disant qu'il y a aura demain du pain à 100 millimes, des légumes à gogo et des prêts de 5.000 dinars pour tout nouveau couple qui se marie. Il y a et il y aura bien sûr des charlatans, des menteurs, des anciens flics et des ripoux de toutes les couleurs, mais il y aura aussi des gens honnêtes et respectueux, des gens qui se présentent parce qu'ils croient à un autre horizon pour la Tunisie. On se réjouit quand on voit les gens de l'ISIE se casser la tête pour pouvoir caser les 80 ou 90 listes sur les murs de la ville et assurer en même temps la bonne vision pour tout le monde. On se réjouit quand on voit les citoyens se bousculer pour lire cette affiche ou l'autre, pour écouter ce candidat ou tel autre à la radio ou à la télé. On se réjouit car on n'a jamais vécu ça et on n'est pas sûr qu'on ne soit pas en train de rêver On se réjouit du nombre inouï des partis, du nombre aussi inouï des indépendants et des listes fédérées. On se réjouit qu'il y ait autant de volontaires pour l'observation des élections. On se réjouit que nos enfants nous posent des questions difficiles sur la pluralité soudaine qui s'est emparée du pays. La Tunisie devient belle. Elle devient plurielle.