Arrivé en Tunisie vers la fin janvier 2011, Boris Boillon n'avait pas assisté à la traditionnelle conférence de presse annuelle de la Chambre tuniso-française de commerce et d'industrie (CTFCI). Mercredi 18 janvier 2012, l'ambassadeur de France à Tunis s'est rattrapé en se faisant inviter à la désormais classique présentation à la presse du programme d'activités de la Chambre durant la nouvelle année. Le diplomate français en a profité pour délivrer un discours rassurant sur l'état et les perspectives des relations tuniso-françaises qui «se portent mieux qu'on ne pouvait l'imaginer». Et la preuve en réside, d'abord, d'après l'ambassadeur, dans le niveau et la qualité des relations économiques entre la Tunisie et la France. Celle-ci n'est pas, comme se plaît à le souligner son représentant, «le premier partenaire de la Tunisie dans tous les domaines», c'est-à-dire «son premier client avec 30% des exportations, son premier fournisseur, avec 10% du marché tunisien, loin devant tous les autres pays, et le 1er investisseur hors hydrocarbures, avec 90 millions de dinars en 2011, contre 100 millions en 2010». Conclusion de l'ambassadeur: «On n'est pas dans une logique de déclin». La deuxième preuve que tout ou presque- baigne entre Tunis et Paris réside, selon Boris Boillon, dans la visite d'Alain Juppé en Tunisie en début d'année «la première d'un responsable occidental après la formation du nouveau gouvernement». Une visite qui constituait «un signal fort de l'importance que la France accorde à la préservation des relations entre les deux pays». Une allusion à peine voilée à la crise passagère?- qu'ont provoquée les déclarations du président Sarkozy et de son ministre des Affaires étrangères au lendemain de la victoire du mouvement Ennahdha lors des élections du 23 octobre 2011. Le chef d'Etat français avait instillé une certaine méfiance à l'égard de ce qui s'était produit en Tunisie en rappelant, le 26 octobre 2011, que «la France serait vigilante sur le respect des Droits de l'Homme et des principes démocratiques, notamment la diversité culturelle et religieuse et l'égalité des hommes et des femmes auxquelles la France est indéfectiblement attachée". De son côté, Alain Juppé avait, quelques jours plus tard, enfoncé le clou, en déclarant être «optimiste» sur les élections de l'Assemblée constituante, et que la France allait «mettre en place une aide économique massive à la Tunisie», «dans la mesure où les lignes rouges ne seront pas franchies», et en soulignant l'importance «d'avoir cette conditionnalité». Mercredi 18 janvier 2012, l'ambassadeur Boillon était tellement soucieux de faire oublier cet épisode qu'il a presque bondi de son siège lorsque Hassen Zargouni, président d'une Commission de la CTFCI chargée d'uvrer à la relance de la coopération entre les deux pays, a parlé de «relations tuniso-françaises aujourd'hui chahutées». Pour le diplomate français, «il n'y a aucune espèce de chahut» dans les relations de son pays avec la Tunisie.