Les difficultés des entreprises étant très largement prouvées, Bouchamaoui aurait-elle dû tenir bon dans les négociations salariales pour exempter les patrons d'augmentations qui pèseraient encore plus lourd sur la pérennité de leurs sociétés? L'interrogation s'impose tout naturellement alors que, en plus de toutes sortes de difficultés, les chiffres officiels viennent de montrer que les entreprises tunisiennes ont été directement victimes de plus de 27.000 (exactement 27.557) actions de contestation en tous genres du 14 janvier 2011 au 30 octobre 2012. Mais voilà... Wided Bouchamaoui, présidente de l'UTICA, vient de signer l'accord des augmentations salariales avec Houcine Abbassi, SG de l'UGTT, et Khalil Zaouia, ministre des Affaires sociales! Pourtant, la patronne des patrons a tenu à ce que les choses soient parfaitement claires en déclarant à ses vis-à-vis du gouvernement et de l'UGTT que cette signature couronne un effort exceptionnel des deux parties... car nous sommes aujourd'hui dans le besoin pressant de soutenir encore plus les bases du débat social pour éviter toute escalade et tout dérapage dont les répercussions seraient néfastes pour l'économie nationale. Et il est de notre responsabilité à tous de contribuer à assurer les fondements de la stabilité et la réussite de la période transitoire afin de préserver les emplois existants et créer de nouvelles opportunités pour nos jeunes. Ceci pour la galerie... et, pour rappeler la réalité de l'entreprise, elle ajoute que l'augmentation des salaires dans ces conditions doit être considérée comme un sacrifice et un effort exceptionnel de la part de l'entreprise... et la préservation de l'entreprise et le pari sur elle doit être un choix stratégique au cours de cette période car elle est le moteur principal du développement et le noyau qui crée les options, les emplois et la valeur ajoutée. Mais, concrètement, ce qui a peut-être le plus d'importance cette session de négociations sociales est que Bouchamaoui a réussi à imposer, parmi les 5 points de l'accord, un dernier point qui stipule que ''Au cours de l'année partant de l'entrée en vigueur des augmentations, aucune négociation sur aucune mesure ayant des répercussions financières ne doit avoir lieu. En tout et pour tout, Bouchamaoui n'est ainsi parvenue qu'à simplement faire gagner du temps aux patrons au moment où ses options, comme elle dit, ne sont pas illimitées; d'un côté, le patronat (le marteau) et, de l'autre, les employés (l'enclume)!