Déjà dans la peau de Microsoft. Mme Salwa SMAOUI parle de l'entreprise de Bill Gates Comme si elle y était depuis des lustres. Mais on retiendra, notamment, que pour elle l'objectif est de : ' Faire bénéficier la Tunisie de toute la puissance du géant mondial du logiciel pour réduire la fracture numérique à travers des partenariats public/privé réussis, la création d'emplois et des programmes sociaux ambitieux''. Interview. Pourriez-vous nous parler de votre parcours professionnel, de vos réussites, mais également de vos échecs (s'il y en a eu) ? Après des études supérieures aux U.S.A. et une expérience dans l'enseignement dans des écoles américaines d'ingénieurs, j'ai intégré l'IRSIT en 1992 pour une courte durée, avant de rejoindre la première chaîne de télévision à péage dans la région, Canal Horizons, en qualité de responsable informatique. Au bout de sept ans, je suis devenue le Directeur du système d'information et consultante pour le groupe sur certains pays de l'Afrique. En 2000, j'ai rejoint Alcatel Tunisie pour occuper le poste de Directeur du Business Development. En 2004, j'ai créé NOOR qui, au bout d'une année, est devenu un acteur régional majeur de l'interactivité fixe et mobile autour du SMS et laudiotel avec des filiales en Algérie, Tunisie et Maroc. Toutefois, dans toute vie professionnelle, il y a des réussites et parfois des échecs. L'important est d'avoir assez de recul et de maturité professionnelle pour apprendre de nos échecs. Vous savez, aux Etats-Unis les cas d'école ne sont plus uniquement les «success stories» mais aussi et surtout ce qu'on appelle «les loose stories». On vous décrit souvent comme une femme de caractère. Est-ce que cela expliquerait en partie vos réussites ? J'ai reçu une éducation où on m'a appris qu'il faut toujours défendre ses valeurs et avoir le courage d'exprimer ses opinions. Cela aide beaucoup sur le plan professionnel parce qu'il permet d'instaurer un environnement de transparence et donc de confiance avec les collaborateurs, les partenaires et les clients. Venons-en maintenant à votre récente nomination à la tête de Microsoft Tunisie. Quel est votre vrai challenge ? Faire bénéficier la Tunisie de toute la puissance du géant mondial du logiciel pour réduire la fracture numérique à travers des partenariats public/privé réussis, la création d'emplois et des programmes sociaux ambitieux. Quels sont les objectifs et la stratégie commerciale de Microsoft Tunisie sur le plan commercial, de l'éducation, du social, etc. ? Sur le plan commercial, nous visons le succès de nos clients en leur apportant la valeur ajoutée dans leurs métiers et faire en sorte qu'ils utilisent les technologies de l'information comme facteur de différentiation et d'amélioration de leur productivité globale. Quant à l'éducation, nous sommes très actifs à travers des programmes spécifiques à l'éducation comme «partenaire du Savoir» et qui permet l'accès aux produits Microsoft à des prix symboliques. La proximité: comme nos rencontres «Microsoft en Amphis» que nous avons démarré début février et qui continueront toute l'année, briefing des enseignants «Microsoft Academic Days», «Microsoft Research», Imagine Cup: Compétition internationale pour mettre en valeur et récompenser l'excellence dans le domaine de la programmation et la conception logicielle. Cette année, le/la finaliste tunisien(ne) ira jusqu'à la finale qui se tiendra en Inde. Au jour d'aujourd'hui et après notre tournée dans les universités, des centaines d'étudiants se sont inscrits pour présenter leurs projets. Le social est au cur de nos actions en Tunisie, tels que la mise en place du centre régional des ressources pour le soutien aux structures d'information en matière des NTIC en partenariat avec l'UNESCO et l'office National de la Jeunesse, le projet Cawtar, etc. Nous ne raterons aucune occasion pour jouer notre rôle de société citoyenne. Microsoft est l'entreprise la plus piratée au monde malgré tous les efforts qu'elle déploie pour se prémunir et se protéger. Justement, la Tunisie figure parmi les pays où le piratage est très répandu. Dans ce cas, que comptez-vous faire afin d'atteindre vos objectifs commerciaux en Tunisie ? Le piratage ou le non respect de la propriété intellectuelle est un fléau mondial qui touche aussi bien l'industrie du logiciel que l'ensemble du secteur de la création (artistique, littéraire, ). Si Microsoft reste l'entreprise la plus piratée, c'est parce que nos produits font l'unanimité en termes de fonctionnalité, fiabilité, facilité d'utilisation et d'innovation. Autrement, les gens pirateraient d'autres. Il faut savoir que le piratage informatique constitue un frein au développement de tout l'écosystème qui peut se développer autour du logiciel tel que la distribution, les services, la formation, le développement, etc. Ceci se traduit par des milliers d'emplois non créés ainsi qu'un manque à gagner au niveau des revenus et recettes pour notre économie. Plus fortement, le piratage constitue une menace pour l'industrie tunisienne du logiciel et de la création. En Tunisie, nous avons une approche basée sur 3 axes : Nous soutenons les activités des associations de lutte contre le piratage et promotion de la propriété intellectuelle. Nous organisons des formations et des campagnes de sensibilisation pour nos partenaires (distributeurs et revendeurs) afin de les sensibiliser à la nécessité de proposer des logiciels originaux aux clients pour leur apporter de la valeur et la sécurité qu'ils recherchent. Nous différencions les logiciels originaux en accordant des avantages exclusifs aux utilisateurs de logiciels originaux.
A Microsoft, nous pensons que nous avons le devoir citoyen d'inculquer à nos enfants la culture du respect de la propriété intellectuelle sous toutes ces formes. Microsoft offre des logiciels aux étudiants dans certains pays, comme en France par exemple. Qu'en est-il en Tunisie ? Et quelle est l'approche de Microsoft concernant les logiciels libres, option officiellement adoptée par la Tunisie ? Le Tunisien n'a rien à envier à l'Américain, ou au Français ; en effet, l'étudiant tunisien a deux options pour accéder à nos produits gratuitement. La première est à travers le téléchargement des «versions expresses», et la deuxième à travers l'abonnement «MSDN académie» qu'un département universitaire souscrit pour moins de 1000 euros par an pour donner accès aux étudiants aux produits Microsoft, soit via téléchargement ou duplication de media. Le logiciel libre existe depuis plus de 30 ans, bien avant la création de Microsoft et de plusieurs autres éditeurs de logiciels bien connus. L'échec du logiciel libre à créer de la valeur et des emplois est donc évident. La réalité mondiale du Logiciel libre revêt plusieurs facettes. Primo, certains de nos concurrents usent de cet argument pour nous combattre, mais vendent leurs propres logiciels au lieu de les mettre dans le domaine des Logiciels libres, leurs investissements en marketing (et non en R&D) sont colossaux. Secundo, la grande majorité des projets de migration vers les logiciels libres sont en échec ; de très grandes entreprises en sont revenues. La réalité est que le logiciel libre est plus onéreux que le logiciel commercial lorsqu'on inclut tous les coûts. Les problèmes de sécurité dans les logiciels libres sont considérables si on garde en tête que les codes sources sont connus et partagés par tout le monde. Les pays soutiennent leur industrie de création de logiciel car elle est exportatrice et génératrice d'emplois. Nos éditeurs de logiciels tunisiens ont besoin de vendre le produit de leur recherche pas de les mettre dans le domaine public. Nous respectons l'option de la Tunisie et nous continuons à travailler étroitement avec le gouvernement pour démontrer la valeur ajoutée et la volonté de Microsoft à aider la Tunisie à réaliser ses objectifs dans le domaine des Technologies de l'information, la sécurité, la création d'emplois et le développement de l'écosystème. Microsoft fête cette année ses trente ans d'existence. C'est peut-être trop pour vous poser cette question, mais tout de même, que faut-il retenir de l'entreprise de Bill Gates ? Autrement dit, quelles sont les données essentielles qu'il faudrait garder en mémoire sur Microsoft ? En fêtant ses 30 années, Microsoft nous rappelle qu'elle était une PME il y a encore quelques années. Et ce succès fulgurant peut être reproduit. La réussite de Microsoft tient à plusieurs aspects : une vision claire, unique et partagée d'apporter les Technologies de l'Information à tout un chacun pour lui permettre de réaliser son potentiel. Cela passe par des investissements colossaux en R&D de $7 milliards de dollars par an. C'est aussi la société en qui on a le plus confiance dans le monde, selon un sondage du magazine «Time». La passion qui anime les Hommes et les Femmes des équipes de Microsoft que j'ai rencontrés est unique.