L'accord d'Agadir est enfin entré en vigueur Par Abou Sarra Jusque là, techniquement inapplicable, l'accord de libre-échange d'Agadir est, enfin, entré en vigueur. La nouvelle a été officiellement annoncée, à Amman, par le secrétaire général de la structure de gestion de cet accord, M. Férid Tounsi (Tunisie). En vertu de cet accord, les pays membres, le Maroc, la Tunisie, l'Egypte et la Jordanie, s'étaient engagés à éliminer, à compter du 1er janvier 2005, les droits de douane sur leurs échanges réciproques. Le Maroc, pays initiateur de ce projet, est le dernier à avoir publié la circulaire d'application douanière marocaine (27 mars 2007). Pour mieux comprendre l'enjeu de cette procédure, il faut rappeler ici que l'accord ne pouvait entrer en vigueur que lorsque chacune des quatre douanes aura élaboré une circulaire d'application et l'aura communiquée à ses homologues. Actuellement, toutes les parties concernées ont publié cette fameuse circulaire et en ont informé le reste des pays membres. Conséquence : aucun obstacle technique n'entrave plus l'application de l'accord. Cet accord vise à harmoniser les réglementations régissant les politiques macroéconomiques et sectorielles des pays membres, notamment, dans les domaines du commerce extérieur, de l'agriculture, de l'industrie, de la fiscalité, des finances, des services et de la douane. Ultimes objectifs : dégager des opportunités de partenariat et une dynamique de complémentarité horizontale, promouvoir l'investissement, notamment, l'investissement direct étranger, et développer les échanges économiques. Il prévoit un démantèlement immédiat des droits de douane et des taxes d'effet équivalent sur tous les produits des quatre pays. Certains produits sont, toutefois, exemptés. Il s'agit de produits prohibés pour des raisons sanitaires, de moralité, de sécurité publique et de sauvegarde de l'environnement. L'accord ne prévoit pas, également, une libéralisation totale des échanges des produits agricoles. Son application pourrait être suspendue pour certains produits. Concrètement, les entreprises des pays membres ne manqueront pas d'améliorer leur compétitivité en tirant profit des règles d'origine du protocole pan-euromed et du cumul euro-méditerranéen. Le cumul d'origine est un instrument grâce auquel des marchandises peuvent être obtenues et fabriquées dans un certain nombre de pays, sans que le produit fini ne perde le bénéfice du traitement tarifaire préférentiel à l'entrée dans l'UE. Ce système est appliqué avec succès depuis 1997 entre l'UE, les pays de l'AELE (Association européenne de libre-échange) et les pays d'Europe centrale et orientale (PECO), et depuis 1999 avec la Turquie. A titre d'exemple, les fabricants tunisiens de vêtements peuvent acheter des tissus en Turquie, en Egypte ou en Jordanie et exporter des vêtements vers la communauté en bénéficiant de droits de douane préférentiels. De plus, ces vêtements peuvent être réexportes de la communauté vers la Suisse ou tout autre pays participant, qui appliquera un régime tarifaire préférentiel. L'accord d'Agadir est une étape sur la voie de la mise en place d'une grande zone de libre-échange arabe et de celle de libre-échange entre l'Union européenne et 16 partenaires commerciaux (Algérie, Bulgarie, la Cisjordanie et la Bande de Gaza, Egypte, Iles Féroé, Islande, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Norvège, Roumanie, Suisse, Syrie, Tunisie et Turquie). Ce régime harmonisera, désormais, les règles d'origine de tous les pays participants dans la mesure où seuls les pays ayant adopté les nouvelles règles d'origine seront habilités à participer à ce système. En dépit des difficultés qui ont jalonné sa mise en application, l'accord d'Agadir, qui est conforme aux normes de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et en harmonie avec les règles de la grade zone de libre-échange arabe, intéresse de nouveaux candidats qui ont entamé des consultations en vue de leur adhésion à l'accord : c'est le cas du Liban. D'autres refusent d'y adhérer. C'est le cas de l'Algérie qui continue à bouder l'accord et à lui préférer une intégration horizontale par le biais de l'union du Maghreb Arabe (UMA).