Il y a quelques années, en décembre 1997 pour être exact, naissait sur décision présidentielle le réseau Tunisie Trade Net. Il devait, par la dématérialisation de tous les documents du commerce extérieur, contribuer à faciliter les formalités de l'exportation et à en augmenter donc le volume. Voulu comme une grande uvre d'utilité publique, ce réseau a été mis sous la houlette d'une entreprise publique avec une participation privée, non moins importante. Elle devait donc, pour la réussite d'un dessin national, profiter de la coopération et de la collaboration des secteurs, public et privé. Il n'en est encore rien, semble-t-il, au moins pour le moment, Pourquoi ? Travaillant pendant plus de cinq ans avec une formule d'affiliations ou de contrats et malgré les efforts et les prouesses technologiques qui ont pourtant conduit l'expérience tunisienne jusqu'au port important de Douala, le réseau devra attendra une circulaire de la BCT adressée aux banques pour multiplier par huit les utilisateurs du réseau. Ils sont donc quelques 800 (784 pour être plus exact) à être connectés au réseau TTN; ce réseau permet de dématérialiser la liasse unique de commerce extérieur et de faciliter les opérations d'exportation et d'importation. Des 10 mille entreprises qui ont un code en douane, au moins les 1000 premières entreprises exportatrices devraient être connectées. On est donc loin du compte ! Il est encore plus regrettable de remarquer que sur les 900000 opérations de déclarations en détail des marchandises, les 250000 titres de commerce traité et les 30000 documents de contrôle techniques annuellement traités, un faible, très faible pourcentage est fait par le biais du réseau de tradenet ! Tous documents confondus, le taux de dématérialisation ne dépasserait pas les 12% ! Une lecture par secteur d'activité, fait apparaître l'effet immédiat de l'instruction de la BCT, auprès du secteur bancaire. Chez les banques, la domiciliation du titre du commerce extérieur est à 100% traitée sur le réseau. On peut toutefois faire mieux, si toutes les banques voulaient bien mettre toutes leurs agences en réseau. Force est de constater qu'aux Ministères du Commerce, de la Santé Publique et de l'Agriculture, de l'Industrie, des Technologies de Communication, du Transport, de l'Industrie et toutes les administrations qui en dépendent, sont connectées. Toutes ou presque, traitent les documents de contrôle technique. Le papier est cependant encore de rigueur et si elles scannent, comme les directions du ministère du commerce, c'est plus par souci de documentation et de création de base de données, que par souci et désir d'appliquer les nouvelles règles d'une technologie nouvelle. TTN met pourtant à leur disposition une application informatique qui leur facilite le travail. A la Douane, il y a eu en 2003 quelques 866851 déclarations de détail des marchandises (DDM), faites sur papier. Depuis avril 2002, date de fin des travaux d'interfaçage du système SINDA de la Douane avec TTN, seules 40 DDM par semaine sont traitées en dématérialisation, contre un potentiel de 16670 DDM par semaine. Le «défaut», il est vrai, ne se trouve pas du côté des douaniers, mais plutôt du côté des entreprises, des transitaires et des commissionnaires en douane. Même si les entreprises sont connectées, elles n'utilisent pas le réseau TTN et préfèrent toujours le papier au travail sur écran. Derrière cela, il y a d'abord l'absence de toute obligation et ce qu'on pourrait appeler la «mauvaise réactivité de l'administration à tout ce qui est documentation électronique».
N'est-il pas temps, devant le caractère national et d'utilité publique de la dématérialisation, d'activer la réorganisation des services informatiques des différentes administrations concernées, pour améliorer leur réactivité telle que légitimement exigée par les entreprises, et de décréter la non acceptation, par quelque administration que ce soit, d'un papier relatif au commerce extérieur non dématérialisé. L'exemple des banques et de la circulaire de la BCT, est à ce titre très édifiant et prometteur ! Il a fallu que la BCT le leur ordonne, pour que les banques commencent à utiliser TTN. Lorsqu'elles l'ont fait, les entreprises ont vite commencé à suivre !