Pour promouvoir le secteur des agrumes dans le pays, un programme décennal avait été élaboré en 1992 afin d'atteindre en l'an 2000 la production de 300 mille tonnes qui devaient passer à 375.000 tonnes en 2010. Des plantations ont vu le jour dans de nouvelles zones prometteuses situées dans les gouvernorats de Ben Arous, Ariana, Bizerte, Jendouba et Kairouan. C'est ainsi que le rendement a sensiblement évolué durant la dernière décennie, surtout lors de la campagne 2007-2008 qui a enregistré, selon les chiffres du ministère de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques, une production de 300 mille tonnes avec 18,56 tonnes à l'hectare. Au Cap-Bon, terres de prédilection des agrumes en Tunisie, le programme d'appui au lancement de la variété «Maltaise» en 1997, a globalement porté ses fruits en dépit de l'insuffisance des moyens de lutte contre les maladies, la persistance de techniques culturales obsolètes et le vieillissement perceptible des plantations de la région qui peinent à se renouveler. Ah ! La relève ! Eternelle interrogation à la quelle les pouvoirs publics et les professionnels du secteur doivent faire face au plus vite afin que le pays conserve son rang dans les échanges internationaux et renforce ses avantages compétitifs dans le domaine des agrumes. Revoir les techniques de production Dans son dernier rapport annuel, la Cour des comptes, après un examen de la gestion de plusieurs Commissariats régionaux au développement agricole, a révélé la faiblesse du débit des eaux du nord mises à la disposition des cultivateurs du gouvernorat de Nabeul dont le quota, estimé au départ à 35 millions de m3 sur l'année, n'est exploité qu'à hauteur de 20 millions de m3 par an, en raison de la capacité limitée du pompage. L'épuisement sensible de la nappe phréatique, l'augmentation du taux de salinité et l'irrigation selon les techniques traditionnelles ne favorisent pas l'amélioration du rendement des agrumes dont l'aspect qualitatif est la condition sine qua non de son ancrage dans les marchés extérieurs et plus précisément ceux de l'Union européenne. La Cour des comptes a constaté aussi un manque en potasse et en oligo-éléments dans 70% des superficies cultivées et une utilisation massive de l'ammonitre de la part des agriculteurs, ce qui a augmenté les risques de pollution de la nappe par le nitrate. Par ailleurs, l'insuffisance flagrante de la main-d'uvre, indiquent certaines sources au sein de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche, a impacté, d'une manière négative, la part des pieds régulièrement soumis à la taille. Au fait, outre leur coût élevé, ces opérations, nous dit-on, se sont toujours heurtées au rejet des jeunes des métiers manuels et des activités professionnelles épisodiques. De même, la taille réduite des plantations, l'âge avancé des agriculteurs et certains problèmes fonciers, relatifs généralement à l'héritage, ont participé au caractère limité des opérations de rajeunissement des domaines des agrumes, dont l'implantation de jeunes arbustes n'a pas dépassé 30 mille unités en 2007, sur un total de 1,8 million de vieux pieds. Des écueils au niveau de la commercialisation En matière d'exportation, le programme de promotion du secteur entendait porter les quantités annuelles à 50 mille tonnes en l'an 2000 vue le quota, entièrement dégrevé de droits de douane, réservé à la Tunisie des parts du marché de l'Union européenne, fixé à environ 40 mille tonnes bon an mal an. Seulement, durant les campagnes 2003-2007, et en dépit de la création de nouveaux pôles de production des agrumes telles les sociétés de mise en valeur et de développement agricole, les réalisations ont été de 18 mille tonnes en moyenne par an, ce qui ne permet pas au pays d'honorer ses engagements sur le plan international. Après certaines investigations, la Cour a remarqué un relâchement dans les opérations de contrôle de conformité des produits aux normes en vigueur concernant la qualité des agrumes commercialisées sur le marché local. A l'instar de ce qui est minutieusement appliqué à l'export, la clientèle tunisienne, recommande le rapport de la Cour des Comptes, mérite autant d'attention et de respect. Il est impératif, d'après les conclusions des contrôleurs, de mettre en place une stratégie pour la promotion des exportations, d'élaborer des solutions appropriées relatives à l'application de nouvelles techniques culturales et d'uvrer à la formation des producteurs dans les divers domaines en relation avec les agrumes dont les plantations de «maltaises» sont passées d'une moyenne annuelle de 80 hectares avant l'année 2005 à 160 hectares au cours des dernières années. Un kilomètre commence par le premier pas, disait Mao-Tsé-Toung.