Un geste diplomatique Lundi 14 décembre, M. Chris O'connor, ambassadeur de Grande-Bretagne à Tunis, était sur le Net pour un «tchat» en direct avec les journalistes et le public tunisiens. Prendre l'initiative de s'exposer avec des internautes anonymes est un acte de confiance, de la part du diplomate, représentant d'une grande puissance, dans la maturité, l'émancipation du public et les pratiques relationnelles civilisées des Tunisiens. Ce «tchat» est à la fois un exercice délicat de «full contact» et d'«action directe». L'ambassadeur est Grand communiquant, chose que nous avons pu constater lors des petits déjeuners de presse réguliers, outre qu'il est grand connaisseur du Monde arabe pour avoir exercé à Beyroutn, ensuite à Ryadh puis au Caire avant sa nomination à Tunis, où il a été élevé au rang d'ambassadeur. «Surfing in front of public» Les Anglo-saxons ont des frayeurs qui nous sont tout à fait étrangères, nous autres Méditerranées. Ils sont en général particulièrement réservés et réticents à s'exprimer en public, chose que nous bravons allégrement étant naturellement expansifs, gesticulant à tour de bras. Alors surfer en direct sur le net était une façon, assez hardie, de briser la glace avec le grand public. Pourtant, le diplomate savait à quoi il s'exposait et il y est, quand même, allé. C'est tout à son honneur. «Nobody is perfect» (personne n'est parfait) et les services britanniques du visa se rangent à cette enseigne. L'accueil est perfectible, autant que les temps de réponse devront gagner en célérité. Et en cas de refus d'octroi, ils ne rendent pas l'argent. Shoking ! Les tarifs à «British Council» sont chers. Les universités anglaises nous tournent le dos alors que les universités françaises et américaines se sont installées chez nous. Les échanges culturels sont à leur étiage et pourtant les Tunisiens ont fait l'effort d'aller vers la langue anglaise qui se répand fort au moins dans les rangs de la jeunesse. Ajouter à cela que l'Etat a pris l'initiative d'enseigner l'anglais dès les premières années d'école. Les visites à haut niveau sont fréquentes. Des visiteurs illustres se rendent chez nous tel le président de British Expertise ou le Lord Mayor de Londres, haut personnage du royaume, et au mois de mais dernier celle de Son Altesse sérénissime le Prince Andrew, responsable du commerce et de l'investissement du royaume qui fut un grand événement. Et, comble de rage, les investissements ne suivent pas. Les entraves à un plus grand rapprochement entre nos deux pays, nos deux milieux d'affaires et nos jeunes, sont tombées une par une et c'est souvent à notre initiative et pourtant ça ne suit pas. Les Anglais sont-ils trop patients ? Diplomatie et pédagogie Une première continentale est en train de se réaliser. Des experts anglais sont en train de travailler avec leurs homologues tunisiens à revoir les programmes d'enseignement de la langue anglaise. C'est une expérience pilote et prometteuse et c'est le premier tandem pédagogique «overseas». Les investissements dans l'énergie sont importants et même s'ils ne sont pas très nombreux ils n'en sont pas moins en pole position tel ceux de «British Gas». Mais là où ils seront en toute vraisemblance les plus prometteurs, c'est en matière de finance. Il faut avoir à l'esprit que la Grande-Bretagne a beaucoup délocalisé son industrie, sans toutefois penser à la Tunisie -enfin passons !-, mais que les services financiers sont dominants et participent à la formation du PIB en culminant à 15%, record mondial. Et là, les chances de voir la coopération aller très fort sont importantes. La Tunisie a récemment créé un compartiment financier aux non-résidents et a donné le premier coup de pioche pour le port financier international. Nos amis anglais ont été prompts à réagir cette fois. Nous avons reçu la visite de deux explorateurs de premier plan pour prospecter avant, nous promet-on, de concrétiser. La finance anglaise est la première du monde et nous avons beaucoup à en attendre et à en recevoir. Les esquives furent diplomatiques et les réponses pédagogiques. Mais c'est à suivre.