Selon l'Office des Tunisiens à l'Etranger (OTE), au 17 mars 2010, plus d'un million de Tunisiens se trouvent à l'étranger ; exactement 1.098.212 âmes dont l'écrasante majorité se trouve en Europe (911.378), suivie du monde arabe avec 154.714 puis 29.718 aux USA et en Australie, 1.279 en Afrique subsaharienne et 1.123 en Asie. Des chiffres-choc qui dégagent encore plus d'impact quand on constate comment le Bureau international du travail (BIT) voit aujourd'hui la migration après une enquête dont les résultats montrent que les travailleurs migrants souffrent d'un déficit de travail décent et d'un manque de protection alors qu'ils apportent une contribution positive à leur pays de destination comme à leur pays d'origine. Faibles rémunérations, non versement des salaires, milieux de travail dangereux, quasi-absence de protection sociale, déni de la liberté d'association et des droits des travailleurs, discrimination et xénophobie sont le lot des travailleurs migrants, souligne cette étude intitulée 'La migration internationale de main-d'uvre : une approche fondée sur les droits''. Selon le BIT, il est nécessaire d'adopter une 'approche fondée sur les droits'' pour accorder une 'juste place'' aux travailleurs migrants dans le monde. Bien dit ! Mais si des institutions comme l'Office des Tunisiens à l'Etranger ont une politique d'encadrement et d'assistance à leurs ressortissants résidents à l'étranger et accordent une attention particulière à la famille, aux jeunes générations et aux compétences, il reste que c'est dans les pays d'accueil que se posent les vrais problèmes ; à commencer par les difficultés d'insertion et des législations en durcissement constant. Le droit prend alors deux faces, souvent en porte-à-faux l'une par rapport à l'autre et peut-être faudrait-il tout simplement écouter le BIT ; là où l'étude plaide pour une coopération bilatérale, régionale et multilatérale entre les gouvernements, les partenaires sociaux et les autres acteurs concernés par les migrations afin d'améliorer la gouvernance des processus migratoires, d'assurer la protection des travailleurs migrants, et afin de garantir les bénéfices des migrations de main-d'uvre en termes de développement pour toutes les parties.