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Les investissements déclarés à l'épreuve de la crise Covid-19
Publié dans Business News le 05 - 10 - 2020

La Tunisie connait, depuis quelques années, un marasme économique que toutes les tentatives des gouvernements qui se sont succédé n'ont pu amorcer une vraie reprise. Il faut dire que l'instabilité politique, le manque de visibilité et une pression fiscale de plus en plus accrue, ont été les facteurs principaux d'un tel échec. La crise Covid-19 n'a fait qu'accentuer une crise persistante. Certes certains indicateurs sont encourageants, notamment ceux relatifs aux investissements déclarés avec la déclaration de 41 projets pour un montant avoisinant les 1,8 milliard de dinars. Mais est-ce pour autant une bonne nouvelle ?

Le gouvernement Chahed tablait sur une croissance de 3,1%. Or, sur l'ensemble de l'année 2019, l'économie a enregistré une croissance de 1% .
Avec la crise du Covid-19, les choses ne se sont pas arrangées. Les prévisions indiquent que le déficit budgétaire va augmenter et dépasser les 7% du PIB. L'endettement va atteindre les 85% du PIB dont 61% du PIB d'endettement extérieur. Les études réalisées par les divers départements gouvernementaux au cours de l'été tablent sur une contraction de la croissance de 6,5%. Des chiffres qui ne sont malheureusement plus d'actualité. Les récentes prévisions, présentées par la Banque centrale de Tunisie, montrent certes un redressement graduel de la croissance économique, durant la deuxième moitié de l'année 2020, mais qui ne permettrait de compenser que partiellement la baisse historique de l'activité enregistrée au premier semestre 2020, de -11,9% par rapport au premier semestre 2019.
Pour sa part, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)-Tunisie estime une hausse du taux chômage de 21,6% contre 15% actuellement, soit près de 274.500 nouveaux chômeurs sur l'année 2020.
Le tout pour une pression fiscale exercée qui atteint des sommets : depuis 2010, elle n'a cessé d'augmenter passant de 20,1% à 23,1 en 2018 puis 24,9 en 2019 et qui atteindra 25,1% en 2020. Ce qui est assez excessif et encombrant, ne permettant pas aux sociétés d'investir et de se développer.
Pire, alors que tout le monde s'accorde que nos entreprises n'arriveraient pas à s'en sortir sans l'appui du gouvernement ou du moins sans un appui financier, tout est fait pour ralentir les mesures de soutien mises en place. Et dans les faits peu d'entreprises ont pu bénéficier des mesures, à part celles de la récupération du crédit de TVA et du crédit d'import. Pour certaines, le fait d'avoir la garantie de l'Etat n'était pas suffisant et il fallait proposer d'autres garanties. Un casse-tête qui a fini par épuiser de nombreuses entreprises qui ont jeté l'éponge.

Dans ce marasme, certains indicateurs redonnent de l'espoir. C'est le cas du bilan présenté par l'Instance tunisienne de l'investissement (TIA) pour les neuf premiers mois de 2020. Cette dernière annonce la déclaration de 41 projets (+86% par rapport à un an auparavant) avec un coût d'investissement supérieur à 15 millions de dinars (MD) chacun pour une enveloppe d'investissement global de 1,78 milliard de dinars (+56% par rapport à un an auparavant) permettant la création de 11.686 postes d'emploi (+42% par rapport à un an auparavant).

23 projets sont relatifs à des créations avec un coût d'investissement de plus de un milliard de dinars et de près de 5.000 emplois, seize sont pour des extensions avec un coût d'investissement de 553 MD et 6.201 postes d'emplois à créer alors que les deux derniers sont relatifs à des renouvellements avec un coût d'investissement de 157 MD et 552 postes d'emplois à créer.
La part du lion revient au secteur de l'industrie avec 22 projets déclarés, un investissement de 766 MD et la création de 8.347 emplois, suivi par celui des énergies renouvelables avec neuf projets, un investissement de 506 MD et la création de 160 emplois. Le secteur des services s'accapare de sept projets pour un coût de 235 MD permettant la création de 2.107emplois alors que celui du tourisme monopolise trois projets, situés dans trois gouvernorats - Médenine, Monastir et Nabeul-, pour un coût de 277 MD permettant la création de 1.072 emplois.
En ce qui concerne le tourisme, la TIA estime que l'enregistrement des investissements dans le secteur peut être considéré comme un signe positif de reprise. Et de soutenir que « le secteur connait également le regain de confiance de certaines chaînes internationales pour le marché tunisien à travers le développement des projets dans des niches importantes dont le tourisme des affaires et des congrès ».
S'agissant des industries électriques et mécaniques, l'instance considère qu'il demeure un secteur phare en dépit de la crise sanitaire. En effet, l'industrie occupe une place prépondérante en termes de projets déclarés avec comme exemple l'activité des composants automobiles : elle capte le plus important nombre de projets et une enveloppe représentant 41% du coût des investissements déclarés dans l'industrie soit 315.018 MD.
Le secteur des IME contribuera également à la création de 72% des emplois projetés soit 6.001 postes d'emplois. En 2019, les exportations du secteur ont atteint 20,4 milliards de dinars.

Autre fait important, les 41 projets couvrent 19 gouvernorats, seize parmi eux seront implantés dans des zones de développement régional avec une enveloppe de 451,61 MD (39% du nombre total pour 25% du total des investissements déclarés) et qui permettraient la création de 2.509 emplois (21,5% du nombre total de postes d'emplois à créer).
On note aussi que 27 projets comportent une participation étrangère pour un coût d'investissement de 1,32 milliard de dinars (74% des investissements déclarés) et permettant la création de 10.110 emplois. L'Allemagne est en première position avec 38% du total des projets à participation étrangère, suivie par la France avec 24%. L'Italie, la République Tchèque, l'Espagne et le Japon occupent quant à elles la troisième place avec un nombre de projets représentant 7%.

Mais ces statistiques sont-elles vraiment une bonne nouvelle ? Ce n'est pas aussi évident. Il faut dire que la Tunisie comme plusieurs autres pays dans le monde est en train de subir deuxième poussée épidémiologique. Les chiffres communiqués par le ministère de la Santé sont de plus en plus effrayants, 2.509 nouveaux cas et 45 décès en 48h, les 2 et 3 octobre courant. Samedi soir 3 octobre 2020, le chef du gouvernement Hichem Mechichi a annoncé de nouvelles mesures, dont la séance unique dans l'administration publique, ce qui pourrait entraver le fonctionnement de certains départements.
Le Baromètre Miqyes de la Conect a montré que la première vague du Covid-19 a ravagé les entreprises tunisiennes et particulièrement les PME. Plus de 50% tournent au ralenti alors que près de 18% n'ont pas encore repris leur activité. C'est donc normal que plus de 40% d'entre elles appréhendent une deuxième vague.

Dans ces conditions et avec le manque de visibilité, il devient difficile d'envisager des extensions ou une nouvelle installation. Car les chiffres présentés par la TIA sont des investissements déclarés et non-réalisés. D'ailleurs, la réalisation devient problématique avec la conjoncture.
Selon les chiffres avancés par l'instance, les industries électriques et mécaniques représentent une bonne partie des investissements déclarés dans l'industrie mais aussi des emplois projetés. Or ce secteur est en crise. Une étude commandée par la Tunisian Automotive Association (TAA), qui réunit les acteurs du secteur de l'industrie des composants automobile en Tunisie, et réalisée par le cabinet EY Tunisie, indique que les scénarios les plus optimistes prévoient un recul de la consommation de véhicules de 11% pour 2020 et un retour aux volumes de 2019 en 2025 au plus tôt. Selon elle, 94% des entreprises annoncent une baisse des commandes et des ventes et 64% d'entre elles pensent qu'elle sera supérieure à 25%. Toujours selon ce même document, si aucune mesure n'est prise, cette baisse des commandes induira un effet direct sur les emplois. Et l'impact chiffré de la crise sanitaire sur le nombre d'emplois du secteur est estimé au plus bas à 7.919 emplois (best case scenario sur les entreprises répondantes seulement) et au plus à 17.537 emplois (worst case scenario) dont 85% issus des grandes entreprises ce qui représente entre 11% et 23% de l'effectif des entreprises sondées.
Ce qui prouve que le maintien de certains investissements (nouveaux ou extension) sera difficile.
Il y a cependant des exceptions. One Tech est l'une d'elle. Après les difficultés en 2019, l'entreprise, fleuron de l'industrie des composants automobiles en Tunisie, a décidé de diversifier ses activités et de produire ses propres produits (produits blancs, compteur intelligent, respirateur artificiel, e-bike, …), surtout avec la crise de l'industrie automobile.

Mais les entreprises tunisiennes n'ont pas tous le poids et la résilience de One Tech. Certaines devront temporiser leurs nouveaux développements à l'après pandémie pour avoir une meilleure visibilité.

Les chiffres de la TIA montrent que les investisseurs ont toujours confiance dans le site Tunisie et que même avec la crise Covid-19, les intentions d'investissements restent conséquentes. Mais, les entreprises tunisiennes ne pourront pas faire face longtemps à la pandémie et à ses conséquences. Elles ont besoin de l'appui du gouvernement, notamment via une accélération de la mise en place des mesures de soutien et du déblocage des financements.


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