Le président du Conseil de la Choura du mouvement Ennahdha, Abdelkarim Harouni, a été l'invité de Hamza Belloumi dans la Matinale de vendredi 6 novembre 2020 sur les ondes de Shems FM. Il est revenu sur plusieurs sujets notamment les appels à un dialogue national, les relations franco-tunisiennes et la coopération entre les deux pays sur la lutte contre le terrorisme, ainsi que le débat au sein d'Ennahdha sur la présidence de Rached Ghannouchi, leader du parti et président de l'Assemblée des représentants du peuple. Au sujet du dialogue national, Abdelkarim Harouni a estimé que la situation du pays nécessitait, effectivement, davantage d'interactions entre les différentes parties prenantes. “Le dialogue est chose demandée en Tunisie. Chacun - y compris le président de la République - doit, d'ailleurs, y contribuer de son côté”, a-t-il indiqué affirmant que le parti Ennahdha était ouvert à toute initiative. “Le plus important reste, cependant, le rôle du Parlement et celui du gouvernement. Car si le gouvernement n'arrive pas à gérer la situation économique et à concerter avec les différentes institutions, le dialogue peut devenir, alors, une perte de temps et le temps est un luxe que nous n'avons pas”, a-t-il ajouté. Abdelkarim Harouni a tenu à saluer les efforts du gouverneur de la Banque centrale, Marouen Abbassi, ainsi que ceux du ministre des Finances, Ali Kooli, soulignant l'importance de conjuguer ces efforts et de pousser à plus de coordination entre les deux parties. “L'un veut contrôler l'inflation, l'autre le chômage. Il est donc nécessaire de coordonner entre eux et entre les conseillers de la Kasbah afin d'avoir une politique uniforme”, a-t-il avancé, notant qu'il était tout à fait normal d'avoir des divergences sur certains points de par la gravité de la situation du pays et l'impératif de prendre des décisions. Interpellé sur le dossier du rapatriement d'extrémistes tunisiens depuis la France - discuté par le président de la République, Kaïs Saïed et le ministre de l'Intérieur français, Gérald Darmanin - le président du Conseil de la Choura d'Ennahdha a soutenu que - par une telle décision - la France avait présenté une solution erronée à un problème plus profond. “Le dossier de l'immigration ne doit pas devenir un dossier sécuritaire (...) C'est toute une politique d'Etat qui doit être élaborée soigneusement afin de profiter et à la France et à la Tunisie”, a-t-il déclaré estimant que la France était tombée dans le piège des terroristes, celui de l'amalgame entre terrorisme et Islam. “La France incite à la haine contre les musulmans, ce qui est en désaccord avec les valeurs de la République française et ne fera que compliquer davantage la situation”, a-t-il relevé ajoutant que la lutte contre le terrorisme ne devrait devenir un prétexte pour solutionner d'autres problèmes. Il a, par ailleurs, dénoncé les propos du président français, Emmanuel Macron. “C'est une erreur de dire que l'Islam est en crise et en plus prendre la Tunisie comme exemple en parlant d'Islam politique (...) Nous sommes un pays démocrate. Nous luttons contre le terrorisme. Et Ennahdha n'a jamais été un parti d'Islam politique. C'est une atteinte au parti. Nous sommes un mouvement politique d'obédience islamique”, a-t-il martelé. En ce qui concerne le débat sur la présidence de Rached Ghannouchi au sein du parti Ennahdha, Abdelkarim Harouni a signalé que certaines parties voulaient pousser les membres du parti à la division : ceux qui sont avec Rached Ghannouchi et ceux qui sont contre. “Certains veulent pousser vers un conflit avec Rached Ghannouchi. Chose à laquelle je m'oppose fermement. D'autres, pensent que maintenir Rached Ghannouchi va de paire avec un changement du règlement intérieur et faire l'impasse sur le Congrès. L'initiative que j'ai lancée avec Rafik Abdessalem vise à rééquilibrer les choses”, a-t-il indiqué. Critiquant la position des Cent, il a signalé que ce groupe était favorable à une éjection de Rached Ghannouchi de la présidence du parti sans présenter d'alternative au rôle qu'il pourrait jouer après l'élection d'un nouveau président. “Nous avons essayé, par notre initiative, de trouver une solution qui favorise le principe de roulement, qui respecte à la fois les lois du parti, son Congrès, son président et l'ensemble de ses dirigeants”, a-t-il affirmé appelant à traiter avec respect et soutenir Rached Ghannouchi de par son statut de leader, “tout comme Farhat Hached, Habib Bourguiba ou encore, Habib Achour”.