Après le matraquage quotidien sur Nessma TV, place à l'affichage urbain. Un bandeau géant orne depuis hier le siège de Nessma TV et Karoui&Karoui à l'avenue Mohamed V à Tunis. On y voit une photo de Nabil Karoui accompagnée de la mention « A political prisoner » (prisonnier politique). Ainsi donc, le fondateur de Nessma TV et du parti politique Qalb Tounes est considéré par les siens comme étant un prisonnier politique. Ceci était vrai en 2019 quand Nabil Karoui a été arrêté en pleine campagne électorale et est resté en prison jusqu'à la veille du second tour de la présidentielle. Mais peut-on décemment dire la même chose aujourd'hui quand on sait que le juge d'instruction a ordonné sa détention après s'être convaincu que le prévenu est suspecté de blanchiment d'argent ? S'il est indéniable que le système judiciaire tunisien a une facilité extraordinaire pour mettre les gens au trou et que l'on ne dénombre plus les cas d'injustice ou de mesures excessives ; s'il est indéniable que ce système n'agit pas toujours pour favoriser les libertés, s'il est indéniable que l'opposition tunisienne et le président de la République préfèrent voir Nabil Karoui en prison que dehors, il reste néanmoins absurde de qualifier Nabil Karoui de prisonnier politique. Le nouvel allié des islamistes et d'Al Karama ne peut pas être mis sur le même pied d'égalité que Nelson Mandela ou Aung San Suu Kyi. A lire également Vidéo : Karoui-Ghannouchi : Ennemis d'hier, amis d'aujourd'hui ! Les mots ont un sens. Nabil Karoui est innocent jusqu'à son jugement, Nabil Karoui subit les affres d'une justice sévère et de décisions excessives, Nabil Karoui collectionne à souhait les ennemis politiques, mais Nabil Karoui ne peut pas être considéré comme prisonnier politique. La formule est à la fois fausse et excessive. Voilà ce qui arrive quand les juges prennent des décisions excessives et n'agissent pas en faveur des libertés, comme le font les juges de tous les pays libres. Le principe doit être la liberté et l'emprisonnement doit rester l'exception. Et puisque ce n'est pas le cas en Tunisie, que l'on ne s'étonne plus de voir des banderoles géantes ornant nos rues, des émissions télévisées et des manifestations considérant de simples prévenus comme des prisonniers politiques.
R.B.H A lire également Annulation de la décision de libération sous caution de Nabil Karoui Qalb Tounes organise une manifestation de soutien à Nabil Karoui devant la prison de la Mornaguia Comité de défense de Nabil Karoui : Le dossier est vide ! Rached Ghannouchi : Nabil Karoui est innocent et la justice tranchera en sa faveur Seyed Ferjani : Nabil Karoui est maltraité en prison !