Le président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), Nabil Baffoun, est revenu, mercredi 20 avril 2022, sur la polémique qu'a suscité sa disparition de la scène publique à quelques mois de la tenue du référendum décidé par le président de la République Kaïs Saïed. Invité d'Elyes Gharbi dans l'émission Midi Show sur Mosaïque FM, il a affirmé qu'il ne s'était pas prononcé sur l'affaire avant cette semaine de par l'ambiguïté du projet du président de la République. Il a expliqué, dans ce sens, qu'il était, à présent, temps de publier un texte réglementant les prochains rendez-vous électoraux afin que l'Isie puisse préparer son calendrier. « Je me suis exprimé à ce sujet et j'ai bien précisé que ce processus n'était pas conforme aux dispositions de la Constitution (…) Conscients de notre responsabilité, nous avons réitéré la nécessité de publier un texte pour faire réussir le 25-Juillet », a-t-il déclaré.
Commentant la rencontre entre le président de la République et le vice-président de l'Isie, Farouk Bouasker, Nabil Baffoun a souligné que cette réunion aurait pu être plus efficiente si elle s'était déroulée en sa présence. « Je n'ai pas à expliquer les choix du président de la République », a-t-il lancé.
Interpellé sur les phases à venir, il a signalé que les rendez-vous électoraux devraient être fixés et mentionnés dans la constitution. « Le référendum n'existe que dans les déclarations du président de la République. Cela ne suffit pas pour que l'Isie puisse mettre en place un calendrier et engager les préparatifs. Il nous faut un texte de loi », a-t-il précisé.
Le président de l'Isie a, par ailleurs, taclé le chef de l'Etat sur sa démarche entreprise depuis le 25-Juillet. Notant que l'Isie est fondée sur la « construction démocratique et constitutionnelle », il a avancé que les mesures prises par le président de la République – en contradiction avec la Constitution – étaient l'un des facteurs ayant conduit au flou qui entoure actuellement l'organisation du référendum prévu le 25 juillet 2022. « L'atteinte à la Constitution nous a menés là où nous sommes aujourd'hui : nous ne savons rien de l'objet de ce référendum et de ses modalités alors que nous sommes à trois mois de son organisation, on veut réviser le code électoral par de simples décrets ! »
Revenant sur le budget qui serait alloué au référendum et aux législatives anticipées, Nabil Baffoun a annoncé que l'Isie avait obtenu l'accord du ministère des Finances sur un total de 85 millions de dinars. Il a expliqué, dans ce sens, que le référendum nécessiterait l'organisation de campagnes de sensibilisation et explicatives.
Il a signalé, également, plusieurs contre-vérités en lien avec le référendum affirmant que le Code électoral actuel permet aux partis – qu'ils soient représentés au Parlement ou pas – de participer au référendum contrairement à certaines allégations.
Le président de l'Isie a fait savoir que l'Instance avait sollicité une rencontre avec le chef de l'Etat pour aborder ces différents points et problématiques en lien avec l'organisation du référendum et des légilatives anticipées mais cette requête est restée sans réponse, jusqu'à l'heure.