La photo circule sur les réseaux sociaux, en ce mercredi 29 mars 2023. Elle montre le barrage de Chiba, dans le gouvernorat de Nabeul, une mare de quelques mètres comme une goutte au milieu d'un terrain asséché, craquelé. Le barrage de Chiba ne fait pas l'exception. Tous les barrages du pays sont vidés, et la sonnette d'alarme retentit depuis déjà quelques mois. L'ingénieur en chef à l'Institut national de météorologie, Mehrez Ghannouchi, avait indiqué que le taux de remplissage des barrages en Tunisie avait atteint les 32,1%. Le taux de remplissage total des barrages a atteint les 32,1% selon les dernières mises à jour du ministère de l'Agriculture. Pour ce qui est des barrages du nord, le niveau de remplissage a atteint les 37,7%. L'ancien secrétaire d'Etat au ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Abdallah Rabhi, avait mis en garde contre le manque de ressources hydrauliques et a appelé le gouvernement à intervenir immédiatement en annonçant l'état de sécheresse. Il a souligné que la situation hydrique est très difficile et la rationalisation de l'usage de l'eau est devenue un impératif. Considérant les chiffres alarmants, il a a déclaré : « De 2017 à 2020, en juin, le barrage de Sidi Salem (le plus important barrage du pays, ndlr) accumulait 250 millions de m3 d'eau, alors qu'aujourd'hui, il y a un peu plus de 96 millions de m3 d'eau, alors qu'on ne peut pas descendre en dessous des 80 millions de m3 d'eau à cause des odeurs et de la sécurité du barrage. La quantité est très petite. Nous sommes face une situation exceptionnelle. De ma vie, je n'ai jamais vu une telle situation au niveau du taux de remplissage. Il s'agit d'un dérèglement climatique et depuis quatre ans nous sommes dans un état de sécheresse : En 2019, le taux de remplissage était de 42% ; en 2018, il est passé à 32%, puis à 40% en 2021 et les apports en eau ont atteint 326 millions de m3 d'eau depuis le début de l'année et jusqu'à la date d'aujourd'hui. Si l'on versait toute cette quantité dans le barrage de Sidi Salem, il ne serait pas rempli. Nos besoins se situent à 1,49 milliard de m3 d'eau. Or, on manque de 1,16 milliard de m3 d'eau ». La crise de l'eau se fait déjà ressentir, des coupures récurrentes et systématiques touchent déjà de nombreuses villes du pays et annoncent l'inavouable politique de rationnement...