Le membre du conseil central de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap), Bayram Hamada a assuré qu'il ne reconnaissait pas la décision de gel le ciblant. Selon lui, personne n'est habilité à annuler sa qualité de membre du conseil central de l'organisation. La décision de gel le concernant serait illégale en raison de l'absence d'une commission de règlement intérieur. « Le bureau exécutif élargi peut proposer à la commission du règlement intérieur le gel d'un adhérent, mais n'est pas habilité à prendre seul cette décision… Je suis ciblé car je refuse de me soumettre aux khwanjis… Il s'agit d'un passage en force visant à porter atteinte au processus électoral… La décision de gel pourrait influencer les élections puisque j'étais candidat aux locales », a-t-il expliqué lors de son passage du 27 décembre 2023 durant « Sbeh El Ward » de Hatem Ben Amara sur Jawhara Fm, Bayrem Hamada s'est présenté en tant que candidat au conseil local de Menzel Bouzelfa. Les élections ont eu lieu le 24 décembre 2023 et se sont soldées avec un faible taux de participation de seulement 11,84%. D'après les premiers chiffres, Bayram Hamada a été élu avec 50,9% des voix exprimées au niveau de sa localité. Le membre du conseil national a considéré que le président de l'Utap, Noureddine Ben Ayed aurait dû pousser l'organisation à chercher des solutions aux agriculteurs et au secteur agricole en Tunisie avant de passer à cette mesure. « Il aurait dû chercher à soutenir les efforts de l'Etat dans la lutte contre la spéculation… La décision a été prise car j'effectue des passages médiatiques… J'ai l'habitude de m'exprimer dans les médias depuis que j'étais simple président d'un syndicat local… Aujourd'hui, le responsable de la communication au sein de l'organisation a participé au coup d'Etat de Barraket Essahel. Il s'est pris en photo, le 25 juillet 2021, devant le parlement, avec Seif Eddine Makhlouf… Je ne consulterai pas cet individu avant d'effectuer un passage médiatique… Le président de l'organisation (Noureddine Ben Ayed) enregistre les appels téléphoniques avec les membres du gouvernement… J'en ai la preuve... Je détiens un enregistrement », s'est-il exclamé.
Bayram Hamada a mis l'accent sur la gravité de la situation des employés de l'Utap. Ces derniers ne bénéficient pas de couverture sociale. Il s'agit de près de 170 personnes. Certains viennent d'avoir, à la date du 26 décembre 2023, leurs salaires de novembre. Il a indiqué que le président de l'Utap a prélevé de l'argent des caisses de l'Utap. Selon lui, Noureddine Ben Ayed n'aurait pas dû procéder à cela en raison de la situation financière de l'organisation même s'il fait partie de ses créanciers. Bayrem Hamada a considéré qu'on devait prioriser les employés de l'organisation. Il a appelé les membres de l'Utap et les autorités officielles à intervenir. Bayrem Hamada a assuré que Noureddine Ben Ayed était proche du mouvement Ennahdha. Il a assuré en avoir les preuves. Il a affirmé que l'Utap était le dernier bastion d'Ennahdha. Le membre du conseil central de l'Utap a indiqué que la direction de l'organisation ne cherchait pas à réformer. Il a, également, révélé que d'autres membres ont fait l'objet d'une décision de gel similaire. Pour ce qui est du secteur agricole, Bayram Hamada a indiqué que la pluie continue avait de mauvaises conséquences sur certains produits agricoles tels que les clémentines. D'un autre côté, il a assuré que la récolte des agrumes devrait couvrir largement les besoins nationaux d'ici la fin du prochain mois de ramadan. Bayram Hamada a expliqué que la baisse du prix des citrons était tout à fait logique puisque la période actuelle de l'année correspond à celle durant laquelle la production augmentait considérablement contre une stabilisation de la demande. Il a, aussi, affirmé que la Tunisie était le seul pays du monde à exporter la variété dite "orange maltaise".
« Durant les années 90, nous sommes parvenus à en exporter 52.000 tonnes… Après 2011, nous avons enregistré un recul avec des exportations à hauteur de 15.000 et 17.000 tonnes. Actuellement, nous exportons 8.000 et 10.000 tonnes. Les raisons sont diverses dont celles politiques… L'absence d'une administration et d'institutions cherchant à s'attaquer à de nouveaux marchés empêche le développement du secteur… Notre marché est resté celui de la France… La Libye acquiert auprès de la Tunisie l'orange dite "Thomson"… Nous exportons vers la Libye entre 2.000 et 3.000 tonnes », a-t-il dit. Bayrem Hamada a indiqué que la Tunisie traversait une crise majeure en matière de fourrages. Il a, aussi, évoqué un manque de semences. « Nous devons alléger les procédures administratives liées à l'acquisition des ammonitrates… J'espère que l'office national des fourrages sera prochainement créé… Il y a plusieurs dépassements à ce niveau… Même l'administration en est coupable », a-t-il dit. Bayrem Hamada a assuré que la pénurie de lait prendra fin d'ici le mois de janvier. Il a expliqué la chose par un manque de production, mais a assuré que la consommation couvrait une grande partie du besoin à l'échelle nationale. Il a expliqué que le coût de production d'un litre de lait dépassait le 1,9 dinar et était vendu par le producteur à 1,34 dinar. Il a considéré que le prix de vente devait passer à 1,8 dinar. « Le ministère du Commerce fait des efforts pour lutter contre la spéculation, mais n'est pas capable de contrôler la situation… Il y a un manque de contrôleurs… Pour ce qui est du secteur des volailles, la crise résulte du prix élevé des fourrages… Les pluies conduisent à une baisse des prix de vente des légumes… Le prix d'achat de pommes de terre est vendu à l'agriculteur à 4,5 dinars… Il était vendu à trois ou 3,5 dinars il y a de cela cinq ans… Cette pomme de terre permettant à l'agriculteur d'en produire est importée… La clémentine est vendue 1,5 et 1,7 dinars… Le producteur vend le kilo à 0,8 dinar… La production d'un kilo d'agrume coûte entre 900 millimes et un dinar », a-t-il déclaré. Bayrem Hamada a qualifié la vente d'huile d'olive à un prix préférentiel de véritable réussite. Il a expliqué que les prix sur le marché international étaient à 22, 23 et 24 dinars en raison de la baisse de la production internationale. Il a salué l'intervention de l'Etat afin de permettre aux citoyens de consommer ce produit à un tel prix. Il a expliqué que cette mesure n'avait pas d'impact sur les agriculteurs. Il a, aussi, estimé que la Tunisie pouvait couvrir l'intégralité de la consommation nationale en adoptant ce procédé.