Le président de la République, Kaïs Saïed, a effectué jeudi 21 août une série de visites inopinées dans plusieurs institutions et quartiers de la capitale Tunis. Cette tournée, marquée par des arrêts successifs au Centre national pédagogique, à l'hôpital de la Rabta, auprès des docteurs chômeurs en sit-in devant le ministère de l'Enseignement supérieur, ainsi que dans différents quartiers populaires, a été l'occasion pour le chef de l'Etat de multiplier les échanges directs avec les citoyens, les personnels de santé et les fonctionnaires. La journée a démarré par une visite au Centre national pédagogique. Kaïs Saïed y a rencontré plusieurs cadres et agents et s'est enquis des préparatifs pour la rentrée scolaire. Le chef de l'Etat a particulièrement insisté sur la question de la distribution équitable des manuels et cahiers scolaires subventionnés. « L'éducation est un droit naturel pour chaque enfant tunisien et non une faveur », a-t-il déclaré, ajoutant : « Je déteste le mot assistance, car ce qui est offert à l'élève relève d'un droit légitime et non d'une aumône. » Au cours de la visite, des employés ont évoqué devant lui des cas de corruption et des tentatives de représailles subies après avoir dénoncé certains dépassements. Réagissant à ces témoignages, Kaïs Saïed a assuré : « Quiconque s'est impliqué dans la corruption devra assumer pleinement sa responsabilité devant la justice. Il n'y a pas de place pour les criminels au sein des institutions de l'Etat. » Il a réitéré son appel à « purifier le pays du fléau de la corruption », soulignant que « le processus de réforme se poursuit malgré les obstacles » et que « l'Etat ne reculera pas devant la reddition des comptes ». S'adressant aussi aux élèves et particulièrement à ceux ayant des besoins spécifiques, le président a exprimé son soutien : « Vous êtes parmi les créatifs et les brillants. Nous avons vu certains d'entre vous devenir enseignants et éducateurs qui honorent la Tunisie. »
Le président s'est ensuite rendu à l'hôpital de la Rabta, où il a inspecté les conditions d'accueil des patients, notamment au service des urgences. Après avoir été accueilli par le ministre de la Santé, Mustapha Ferjani, il a discuté avec des médecins et paramédicaux, en insistant sur le droit à la santé pour tous, indépendamment de la situation financière. « Lorsqu'un citoyen arrive dans une situation critique, il est de notre devoir de le prendre en charge immédiatement », a-t-il déclaré. « Il n'est pas acceptable qu'on demande à un malade de payer avant de recevoir des soins. C'est au médecin d'évaluer la gravité de l'état et de décider de l'intervention, les démarches administratives et financières viennent ensuite. » Le chef de l'Etat a rappelé certains incidents signalés dans plusieurs régions, notamment à Gafsa, qu'il a jugés « inadmissibles », appelant à ce qu'ils ne se reproduisent plus. Il a souligné que « la dignité du citoyen tunisien commence par la garantie de son droit aux soins », ajoutant que la réforme du système de santé doit être fondée sur l'égalité et la justice, avec la suppression des obstacles bureaucratiques qui mettent en danger des vies humaines.
Un autre arrêt marquant a eu lieu devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, où campent depuis plusieurs semaines les docteurs au chômage. Kaïs Saïed a engagé un dialogue direct avec eux, les écoutant exposer leurs revendications et leurs difficultés. « La question du chômage, en particulier celui des titulaires d'un doctorat, constitue une priorité nationale », a-t-il affirmé. « Nous déployons tous les efforts pour instaurer un processus de recrutement équitable qui repose sur la compétence et le mérite, et qui garantisse des salaires proportionnés aux qualifications scientifiques. » Le président a toutefois précisé que tout recrutement doit se faire dans le respect de la loi, tout en assurant que des solutions concrètes sont à l'étude pour permettre une intégration progressive de ces compétences dans les institutions de l'Etat, en fonction des besoins réels et dans le cadre d'une vision de réforme globale. Les docteurs présents ont salué la visite présidentielle, réaffirmant leur détermination à défendre leur « droit légitime au travail » et leur volonté de « servir la Tunisie malgré des conditions difficiles ».
Au-delà des institutions, Kaïs Saïed a également parcouru plusieurs quartiers de Tunis à pied, passant par Souk El Asr, Maâkel Ezzaim, le quartier Ennajah à Mellassine, ainsi que par Bab Saadoun, Bab El Assal et la rue Ouled Haffouz. Ces déplacements ont été l'occasion pour lui d'aller à la rencontre des citoyens. La vidéo montre plusieurs échanges avec des citoyens, qui affichait leur soutien indéfectible au président de la République. Le chef de l'Etat leur a promis de lutter contre la corruption et qu'aucun retour en arrière n'est envisageable. La tournée s'est achevée sur l'avenue de la Liberté, où le président a visité le chantier du futur Conseil supérieur de l'éducation et de l'enseignement, pour suivre l'avancement des travaux.