Mme Leila Ben Ali, épouse du président de la République, s'est adressée par une allocution aux participants à la Conférence nationale organisée, jeudi à Tunis, sur le thème : «Le rôle de la famille tunisienne entre le constant et le variable : réalité et perspectives». Voici le texte de l'allocution de Mme Leila Ben Ali, prononcée en son nom à l'ouverture des travaux de la conférence, par Mme Sarra Kanoun Jarraya, ministre des Affaires de la femme, de la famille, de l'enfance et des personnes âgées : « Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux Mesdames, Messieurs, C'est pour moi un réel plaisir que de m'adresser à vous à l'ouverture des travaux de cette conférence nationale organisée par le ministère des Affaires de la femme, de la famille, de l'enfance et des personnes âgées, avec la participation de l'Organisation de la famille arabe et ayant pour thème : «Le rôle de la famille tunisienne entre le constant et le variable : réalité et perspectives». Il m'est agréable de saluer cette initiative qui intervient en consécration des significations et des enseignements profonds de la célébration, par notre pays, de la Journée mondiale de la famille et en concrétisation des orientations avant-gardistes définies par le Président Zine El Abidine Ben Ali en matière de promotion de la famille, en tant que cellule de base de la société et en tant que pilier de toute réforme et de tout progrès. La famille constitue, à juste titre, l'une des principales composantes de la société concernée par la réalisation de tels objectifs. C'est ce qui commande d'adopter une vision stratégique afin de rationaliser les mutations sociales, de les canaliser en fonction de l'intérêt suprême de la famille et de la société et d'en assurer l'équilibre, de manière à préserver la cohésion de la famille et à aider à parfaire l'adéquation entre les constantes et les variables dans le processus de modernisation sociale. Nous vivons une étape civilisationnelle dominée par la mondialisation et la révolution technologique et médiatique qui ont été à l'origine du démantèlement des barrières traditionnelles entre les peuples et les cultures, voire au sein d'une même société. En effet, de nouveaux concepts sont apparus dans la vie sociale. Les changements intervenus au niveau de l'échelle des valeurs ont entraîné, dans certains cas, une modification de la nature des rapports entre les membres de la famille, un relâchement du contrôle des enfants, une propension à la délinquance chez certains mineurs et l'apparition de la violence et de la désunion dans certains foyers. Parce que cernée par les nouveaux supports didactiques, culturels et médiatiques aux modes et aux contenus multiples, la famille contemporaine ne saurait être coupée de la dynamique de l'évolution, de la civilisation moderne et de ses aspects innombrables. Plus que jamais, il devient nécessaire donc d'œuvrer à renforcer et à développer le rôle de la famille et à promouvoir ses diverses fonctions afin qu'elle soit en mesure de gagner l'enjeu de l'indispensable adéquation entre l'authenticité et la modernité, entre l'ancien et le nouveau. La méditation de ces données fait apparaître le bien-fondé et la profondeur de la vision qui sous-tend les choix du Président Zine El Abidine Ben Ali en matière de promotion de la famille, que ce soit par la consécration de la dimension solidaire et sociale du développement ou à travers l'action soutenue en faveur de la mise à niveau de la société, toutes institutions économiques, culturelles et sociales confondues, en vue d'une adhésion efficiente aux mutations diverses. La Tunisie s'est employée à réaliser les objectifs de développement et de modernité en s'appuyant sur une approche civilisationnelle créatrice et en adoptant une dynamique à même de parfaire la complémentarité entre l'œuvre de développement dans ses dimensions économique et matérielle, d'une part, et les valeurs de solidarité et de répartition équitable des fruits de la croissance, d'autre part. Si la famille a une fonction vitale à assumer en matière d'édification de la société du progrès et du bien-être, elle n'en a pas moins besoin, pour son fonctionnement idéal, de solidarité, de tolérance et d'égalité. Elle gagnerait à être aidée à acquérir l'aptitude à jouer son rôle et assumer les responsabilités qui sont les siennes. Bien plus qu'un objectif en soi, la stabilité de la famille constitue le moyen par lequel celle-ci peut s'épanouir et accroître sa capacité d'adaptation aux impératifs de la modernité, sans pour autant compromettre son équilibre ni se départir des attributs de son identité nationale. En concrétisation de ces orientations, la politique familiale a connu, en Tunisie, une mutation qualitative en termes d'évolution de l'apport des programmes sectoriels dans ce domaine, outre l'instauration d'une harmonie plus grande entre les membres de la famille par la consécration du dialogue et du partenariat entre eux. L'attachement de l'Etat à promouvoir la situation juridique de la femme et à combattre toutes les formes de discrimination à son égard, tant au niveau des législations que dans la pratique, a été un facteur déterminant pour impulser le progrès social et concrétiser les valeurs d'égalité et de justice dans notre société. Il s'agit là d'une œuvre réformatrice d'une portée considérable, qui procède d'une vision perspicace des mécanismes de changement civilisationnel dans toutes ses dimensions économique, sociale et culturelle. Il est évident que la promulgation de législations qui garantissent la dignité de la femme, la protègent contre toute forme de discrimination et lui permettent d'exercer ses droits fondamentaux constitue la concrétisation civilisationnelle du concept de la stabilité de la famille et de l'équilibre de la société. De même que la corrélation, instituée par le système législatif avant-gardiste de notre pays, entre les droits de la femme, de l'enfant et de la personne âgée, vise, dans son essence, à préserver l'équilibre de la famille par la cohésion de ses membres et l'interdépendance entre ses générations. Les acquis réalisés en Tunisie au profit de la femme, de l'enfance et de la jeunesse, ainsi qu'en faveur de secteurs aussi vitaux que ceux de l'enseignement, de la santé, de l'emploi, des commodités de la vie et des revenus des ménages représentent une avancée décisive en matière d'impulsion du développement, outre la transformation et l'évolution des mentalités vers des comportements plus équilibrés, fondés sur le respect mutuel, la solidarité et le partenariat entre les conjoints en matière de gestion des affaires de la famille et des enfants. La femme tunisienne est aujourd'hui un partenaire à part entière en droits et en devoirs dans la famille, participant à la prise de décision et à la gestion des affaires au sein du ménage, ce qui constitue l'un des privilèges de la famille tunisienne moderne, un privilège qu'elle a acquis à la faveur de législations avant-gardistes, de l'évolution des mentalités et de l'adaptation constante aux mutations. Il s'agit là d'une donnée socioculturelle qui a une importance considérable dans l'instauration de la stabilité familiale et sociale et la réalisation d'un ensemble d'équilibres, dont en particulier l'adéquation entre authenticité et modernité, la consécration du principe d'égalité, l'établissement de rapports cohérents entre les membres de la famille et le renforcement de la communication entre les générations, outre la rationalisation de la consommation et la conciliation entre travail et loisirs. Grâce à l'amélioration continue de son niveau de vie et à la généralisation des infrastructures dans les villes comme dans les campagnes, la famille tunisienne est désormais plus apte à répondre aux besoins de ses membres. Les indicateurs montrent d'une manière on ne peut plus évidente l'évolution qualitative soutenue qu'elle connaît dans les divers domaines. Dans le contexte des mutations de plus en plus rapides que nous vivons dans le monde d'aujourd'hui, l'équilibre créateur entre les constantes et les variables dans le domaine de la famille constitue un facteur incontournable de la stabilité de l'Etat, de l'édification de la démocratie, de la mise à niveau de l'économie, du développement des ressources humaines et du renforcement des fondements de la société civile. C'est ce qui a fait que notre pays tienne tant à consacrer l'adéquation entre les aspirations, les besoins et les moyens. C'est une stratégie fondée sur la mise en place de programmes et de mécanismes cohérents, propres à préserver la famille de tous les facteurs de démembrement et des phénomènes de la violence, à préparer les jeunes à la vie conjugale, à promouvoir des programmes en faveur de la conciliation familiale et de la sensibilisation en matière de protection et d'éducation de l'enfance, à renforcer la place conférée aux personnes âgées, à développer les liens de solidarité et d'interdépendance entre les générations et à prendre soin des familles émigrées et des familles ayant des besoins spécifiques, sans compter les programmes destinés à conforter l'adhésion des jeunes à la société de l'information et à les doter des moyens de maîtriser la culture numérique. Mesdames, Messieurs, La sauvegarde et l'enrichissement de ces acquis sont un devoir aussi important que celui qui consiste à les réaliser et à en bénéficier, un devoir qui incombe aux structures gouvernementales tout comme à l'ensemble des institutions de la société civile. Au vu des mutations internationales et de l'interaction civilisationnelle accélérée qui les accompagne, nous sommes en droit d'être fiers de mettre en évidence les spécificités de l'approche tunisienne en matière de renforcement des droits de la famille, de consécration de son rôle et de développement de ses fonctions. C'est une approche qui a su concilier les impératifs de l'authenticité et de la modernité et s'imposer comme un modèle dans notre environnement géographique et culturel. C'est ce qui nous fait porter, à nous tous, la responsabilité de le faire connaître et de le développer afin de conférer à notre pays le rayonnement civiliationnel dont il est digne. Je vous souhaite à toutes et à tous la réussite et à votre conférence le plein succès ».
