Encore une fois, le ballet de l'opéra national de Kiev n'a pas démenti son excellente réputation, mercredi soir , sur la scène du théâtre antique de Carthage où son corps a conquis un public avisé en interprétant, avec brio , »le lac des cygnes », une des oeuvres classiques composée, au milieu du XIX ème siècle par le non moins célèbre musicien russe ,Pierre Tchaikovsky. Depuis sa première représentation à Moscou en 1895, ce ballet a connu diverses déclinaisons, plutôt formelles, sans que celles-ci en altèrent l'essence fondamentale. La version ukrainienne a repris la trame de ce drame de l'existence humaine vouée au romantisme ambiant -de l'epoque – surtout dans l'aire germanique. Des sentiments romantiques fondés sur l'amour idéaliste et positif qui finissent par l'emporter sur la platitude négative découlant de l'envie et de la jalousie. Ainsi, quatre actes vont comprimer dans un univers quasi- onirique l'histoire d'un prince Siegfrid (incarné par le danseur Denis Matviyenko) et sa bien aimée Odette ou son double , Odile (incarnée par la danseuse Elena Philipyera). Ils se rencontrent aux abords d'un lac. Un voeu d'union par le mariage doit être exaucé. Intervient, alors la jalousie d'un ex-prétendant, sorcier de son état qui lance un sort à la belle créature la transformant en cygne le jour et être humain, la nuit. Pris dans les entrailles de l'amour- passion pour Odette, le prince jure de percer le secret de cette métamorphose maléfique afin de retrouver le bonheur auprès de sa bien aimee. Happy end,mais à quel prix ? La narration des faits a été soutenue par une musique symphonique aux airs envootants. Tous les jeux : scénique, optique et corporel participaient à la suggestion d'un univers imaginaire où s'enchevêtraient, dans une alchimie polyphonique – faite de thèmes et de cadences- l'envol , la beauté et la mélodie. En tutus blancs ou de justaucorps drapés, les danseurs et les ballerines ont fait preuve d'un grand professionnalisme (zéro faute pour les pointes). Ils ont egalement réussi à communiquer l'expression de leur gracieuse beauté corporelle. Subjugué par la prestance de la chorégraphie et la volupté de la tonalité musicale, le public du théâtre de Carthage devait applaudir,avec mesure , le ballet de l'opéra de Kiev en guise de reconnaissance pour cette soirée mémorable ponctuée de tempos aeriens.