Par Jawhar CHATTY Un million trois cent mille Tunisiennes ont voté Béji Caïd Essebsi lors de la dernière présidentielle. De fait, c'est principalement au vote des «Hraier Tounès» que l'actuel locataire de Carthage doit son ascension à la magistrature suprême. Sans doute voyaient-elles en lui le grand héritier de Bourguiba, celui qui pourrait le mieux porter à incandescence, tel un fil lumineux, l'esprit éclairé et réformateur du père de l'indépendance et de l'émancipation de la femme tunisienne. Seulement, la realpolitik a souvent pris le dessus sur les promesses et la verve électorales du candidat et l'héritage bourguibien de BCE mis quelquefois en sourdine au grand désespoir des «Hraier Tounès». Il leur a donc fallu attendre le 13 août dernier pour que, à l'occasion de la fête de la Femme, le président de la République annonce une série de mesures à travers lesquelles beaucoup ont lu une réamorce de la politique bourguibienne en matière de droits civiques de la femme tunisienne. Ainsi, celle-ci ne sera plus obligée d'avoir une autorisation du père pour renouveler et obtenir des passeports pour leurs enfants. Il est de même attendu que les procédures soient rectifiées de façon à ce qu'il y ait une égalité parfaite entre l'homme et la femme concernant la tutelle sur leur progéniture. Une véritable petite révolution qui, pouvait-on penser, préfigure de nouvelles avancées en termes de droits civiques et politiques de la femme tunisienne. Seulement, en lieu et place de nouvelles conquêtes sur le terrain de l'égalité entre l'homme et la femme, de l'autonomisation de la femme et de son accès aux postes de décision, le gouvernement émet un signal pour le moins déconcertant : le mouvement dans le corps des gouverneurs opéré samedi a ignoré la représentation de la femme. Cela se passe évidemment de tout commentaire. Surtout que cela pourrait conforter dans leur idée, consciente ou inconsciente, tous ceux qui au mieux pensent que ce « ne sont après tout que des femmes».