TAHYA Tounès et Al Karama semblent bel et bien devoir rejoindre les partis devant former et soutenir le futur gouvernement que conduira Habib Jemli. Ces deux formations présentent l'avantage d'élargir l'éventail politique sur lequel s'appuiera le futur gouvernement, tout en s'octroyant un vote plus sécurisé à l'Assemblée des représentants du peuple. Par contre, le mouvement Echaâb s'achemine vers un rejet définitif de toute participation à un gouvernement nahdhaoui. Ce manque de confiance en le mouvement islamiste privilégie toujours l'hypothèse peu probable d'un «gouvernement du Président» qui aurait les mains libres dans la lutte contre la corruption et dans l'approfondissement des investigations dans l'affaire de l'assassinat de Mohamed Brahmi qui, en 2013, présidait le mouvement. Désormais confiant, le chef du gouvernement désigné affirme être en mesure d'annoncer la composition de son gouvernement d'ici la fin de la semaine. Les bruits de couloirs rapportent le tissage d'un rapprochement inattendu entre Attayar, Al Karama et Tahya Tounès, auquel l'on doit la faisabilité du gouvernement qui s'annonce. Sans avoir formellement renoncé à contrôler les trois ministères qu'il exigeait — l'Intérieur, la Justice et la Réforme administrative — le Courant démocratique de Mohamed Abbou pourrait se contenter de la Justice et d'un droit de regard quant à la Fonction publique, alors que le titulaire de l'Intérieur devra faire la preuve de son indépendance. Ont «définitivement» été écartés du gouvernement Jemli le parti de Nabil Karoui, Qalb Tounès (38 députés), et la coalition parlementaire de 15 membres issus de 4 partis que préside Hsouna Nasfi, celle de la «Réforme nationale». Dès ce matin, Habib Jemli va accélérer la réflexion et les consultations concrètes à propos des éventuels titulaires des différents portefeuilles ministériels, ainsi que sur l'organisation de l'action gouvernementale et l'ordre des priorités. Même si la présentation par ses soins d'un document officiel exposant la démarche et les intentions engageant le gouvernement, exigée par Echaâb, n'a pas eu de suite, Jemli devra sans doute y consentir pour la clarté des débats en vue du vote de confiance. Car l'opinion attend le programme.