« Nous annonçons la suspension de nos adhésions au parti à partir du 4 novembre, jusqu'à la tenue de la réunion du bureau exécutif, à condition que celle-ci intervienne avant la tenue de la prochaine réunion plénière au sein de l'Assemblée » On le savait déjà depuis plusieurs jours, mais la trentaine de députés pro-Mohsen Marzouk ont mis hier leurs menaces à exécution en décidant, dans une déclaration commune faite au siège du parlement, de suspendre leur adhésion au parti Nida Tounès (86 sièges). Dans la déclaration lue solennellement par la députée Khaoula Ben Aicha, les 30 élus signataires ont lancé un ultimatum au comité constitutif du parti (dont ils contestent par ailleurs la légitimité). « Nous annonçons la suspension de nos adhésions au parti à partir du 4 novembre, jusqu'à la tenue de la réunion du bureau exécutif, à condition que celle-ci intervienne avant la tenue de la prochaine réunion plénière au sein de l'Assemblée », ont-ils précisé dans leur déclaration. Les 30 députés ont également affirmé que cette décision sera suivie d'une « démission du parti et une scission du bloc parlementaire si le statu quo persiste. Parmi lesquels, le président de la commission de législation générale Abada Kéfi, la présidente de la commission des droits et libertés Bochra Belhaj Hamida ainsi que d'autres figures de proue du bloc parlementaire de Nida, les députés frondeurs ont considéré que la réunion du comité constitutif organisé mardi en grande pompe au siège de Nida « en l'absence de plusieurs membres constituants » ne représente que ceux qui y ont assisté. Ils considèrent en effet que le comité exécutif élu est la seule instance légitime du parti. Soutien inconditionnel au gouvernement Essid Les trente membres signataires ont néanmoins appelé au dialogue pour que le parti et le bloc parlementaire restent soudés. Des mots qui sonnent creux, puisqu'ils ont aussi été prononcés par les « pro » Hafedh Caïd Essebsi, réunis hier aux Berges du Lac, au siège du parti. « Nous voulons dialoguer mais nous nous trouvons face à un véritable mur », a déclaré Abada Kéfi qui enfonce encore le clou en décrétant que le parti ne les représente plus. Pour sa part, Bochra Belhaj Hamida s'est dite inquiète du fait que le comité exécutif du parti ne puisse se réunir que sous protection policière de peur d'être agressé. Que se passera-t-il si le 10 novembre, date à laquelle se tiendra la prochaine réunion plénière, les choses restent comme elles sont ? Se dirige-t-on vers un éclatement officiel du parti ? Pour le moment en tout cas, les députés frondeurs nous affirment qu'ils ne souhaitent pas en venir à constituer un nouveau bloc parlementaire et encore moins à constituer un nouveau parti. Pour preuve, Abada Kéfi l'affirme haut et fort : « Nous soutenons de manière inconditionnelle le gouvernement de Habib Essid ». De son côté, le député Abdel Aziz Kotti, l'un des députés supporter de Hafedh Caid Essebsi, a considéré que les 30 députés ont choisi la manière forte et risque de nuire à Nida Tounès. Abdel Aziz Kotti a été accusé par certains frondeurs d'avoir « viré » du siège du parti tous les employés qui soutenaient Mohsen Marzouk. Selon la députée Khaoula Ben Aicha, ces agissements ont été précédés de la désactivation des caméras de surveillance. « Des actions, dit-elle, d'une autre époque qu'on croyait révolue ».