Alors que la situation épidémiologique se dégrade de jour en jour dans le pays et que plusieurs établissements de santé sont au bout de leurs capacités, le gouvernement a annoncé hier une série de mesures pour tenter de casser cette 4e vague, la plus viru- lente depuis le début de la pandémie. Dans l'impossibilité de décréter un confinement général qui aurait un coût économique et social conséquent, la porte-parole du gouvernement a annoncé hier à La Kasbah qu'il a été décidé de maintenir l'ensemble des mesures appliquées depuis mai dernier, et ce, jusqu'au 11 juillet 2021. Ainsi, le couvre-feu à partir de 22 heures jusqu'à 5 heures du matin et l'application d'un strict protocole sanitaire dans les lieux publics seront maintenus. Par ailleurs, en vue de faire reculer la pandémie, le gouvernement veut responsabiliser les gouverneurs. Ces derniers pourraient décréter le confine- ment général, orienté vers les zones dont les cas de contamination varient entre 200 et 300 nouvelles infections pour chaque 100 mille habitants. «Concernant les délégations et les zones dont le taux des nouvelles contaminations durant les derniers 14 jours a dépassé 400 cas pour chaque 100 mille habitants, les gouverneurs sont chargés de décider un confinement», a indiqué Hasna Ben Slimane. Un casse-tête pour les élus locaux et les gouverneurs, qui devront faire face à la pandémie, mais également à une éventuelle gronde sociale de ceux qui s'estimeraient lésés par ces confinements ciblés. Contacté par La Presse, le président de la Commission de la santé et des affaires sociales à l'ARP, Ayachi Zammel, juge les mesures insuffisantes. Pour lui, il aurait fallu décréter un confinement général dans le pays. «Je sais que le gouvernement a ses propres contraintes, explique-t-il. Toutefois, je crois qu'au vu de la situation actuelle, nous serons tôt ou tard obligés de décréter le confinement général, alors autant le faire maintenant avant que la situation ne devienne incontrôlable». Le président de la commission de santé espère que dans les jours qui viennent, le projet d'urgence sanitaire promis par le gouvernement parviendra à l'ARP pour être débattu. Souhail Alouini, ex-président de la commission santé, médecin et ex-député de la circonscription de Kairouan, partage également cette analyse. «Le confinement général semble inéluctable», confie-il à La Presse. «Il est au moins nécessaire que l'on décréte un couvre-feu à partir de 19h ou 20h, pour empêcher les rassemblements liés à des mariages ou des fêtes diverses, c'est là où la contamination est la plus probable et la plus rapide», dit-il. Dans plusieurs régions, le taux de contamination et le nombre de décès liés au coronavirus sont alarmant. Pour le moment, la réponse du gouvernement est jugée beaucoup trop molle.