C'est une affaire qui remonte à 2018. Plusieurs hauts responsables ont déjà fait l'objet d'un mandat d'arrêt, dont l'ancien directeur général de Tunisair Technics. Rien ne présageait un scénario aussi cauchemardesque pour ces derniers. Ont-ils cafouillé face à une situation ingérable ou se sont-ils enlisés dans la corruption ? Seule la justice tranchera. Il a fallu ce cataclysme politique dans le pays pour déterrer les gros dossiers de corruption qui se sont étrangement volatilisés ces dernières années. L'un de ces dossiers qui a miraculeusement refait surface, après l'annonce de la fin de la récréation par le Président de la République Kaïs Saïed, met en cause cinq directeurs et deux ingénieurs relevant de la compagnie aérienne Tunisair qui croule toujours sous un fardeau de dettes. Ces derniers, ainsi qu'un directeur général d'une société de courtage, sont depuis le 29 juillet frappés d'interdiction de voyage dans le cadre d'une enquête ordonnée par le juge d'instruction près le Pôle judiciaire et financier. Une mesure prise sur fond de soupçons de corruption, détournement de fonds publics, abus de pouvoir, en vue d'obtenir des avantages injustifiés qui portent atteinte à la direction de la compagnie, d'après le porte-parole du pôle, Mohsen Dali. Rapport accablant de l'inspection générale L'affaire ne date pas d'aujourd'hui, elle remonte en fait à 2018, mais après le coup de force de Kaïs Saïed, les personnes impliquées dans cette affaire sont plus conscientes des graves poursuites et accusations dont elles font l'objet. Il est grand temps de rendre des comptes et infuser la culture de la redevabilité dans tous les secteurs, sans pour autant piétiner la présomption d'innocence. De quoi s'agit-il et comment ces hauts responsables se sont trouvés embourbés jusqu'au cou dans cette affaire qui n'a pas encore livré tous ses secrets ? S'agit-il d'une tempête dans un verre d'eau ou d'une grave affaire de corruption ? Indubitablement, aucune partie ne pourra apporter la juste réponse à toutes ces questions, nous fait savoir une source syndicale, mais il est quasi certain que le rapport émis par la commission d'inspection générale, pointant des failles dans la gestion par Tunisair Technics (filiale de Tunisair) du dossier de maintenance de réacteurs d'avion, est accablant et a été à l'origine de l'enquête enclenchée par le Pôle judiciaire et financier en 2018. Fraîchement débarqué en tant que ministre d'Etat à la tête de ce ministère au début de l'année 2020, ce dernier récupère le rapport de l'inspection pour déposer en toute logique une plainte auprès de la justice, ajoute la même source. Deux réacteurs à l'origine de l'enquête Et pourtant, rien ne présageait un scénario aussi cauchemardesque pour certains hauts responsables de la compagnie, en question. Sur les ondes d'une radio privée, l'ancien ministre du Transport, Anouar Maarouf, s'était exprimé sur cette question en déclarant qu'il a été «choqué » après avoir étudié ce grave dossier de corruption. Un dossier inhérent à la réparation de deux réacteurs d'avion de la flotte de Tunisair, mais qui sont malheureusement restés bloqués au Canada. Se trouvant dans l'impossibilité de traiter directement avec certaines compagnies aériennes étrangères et poussée à le faire cette fois avec un intermédiaire et un exécutant, notre compagnie, encore embourbée dans sa crise financière, n'a pu s'acquitter de ses obligations financières à l'égard des deux parties, d'où le blocage des deux réacteurs. Entretemps, le PDG de la compagnie, Elyes Mnakbi, qui était soucieux de réparer et booster les réacteurs de la flotte de Tunisair grâce à un crédit consortial de 130 millions de dinars tunisiens, octroyé par des banques tunisiennes privées, avait été poussé vers la porte de sortie. Plusieurs hauts responsables ont fait l'objet d'un mandat d'arrêt dont le directeur général de Tunisair Technics. En tout, 14 hauts fonctionnaires étaient poursuivis dans le cadre de l'enquête dont sept arrêtés Concours de circonstances, mauvaise gestion ou détournement de fonds publics ? La justice tranchera et la présomption d'innocence pour certains hauts responsables doit être respectée en priorité. La culpabilité doit être aussi prouvée.