L'accès aux soins des populations vulnérables ou issues des régions défavorisées de Tunisie, la parité homme-femme en matière de santé et l'intérêt de préserver les jeunes sans ressources sont les trois axes d'intervention du projet Sehaty qui entre dans sa deuxième phase d'exploitation, celle de son adaptation concrète et sa mise en œuvre. Le consortium Sehaty a organisé une séance plénière de l'Atelier national de clôture et d'échange de bonnes pratiques en santé dans un projet du même nom qui boucle sa première phase triennale, mercredi dernier, à Tunis. Le projet Sehaty n'est pas uniquement sanitaire, mais il englobe la thématique environnementale pour un meilleur écosystème. Un champ d'action sur lequel la société civile et le tissu associatif public œuvrent en permanence pour l'amélioration de la qualité et l'accessibilité des services de santé de première ligne en Tunisie. Ainsi, Sehaty s'inscrit dans le cadre du programme d'appui au secteur de la santé «Essaha Aziza» mené par le ministère de la Santé et soutenu par l'Union européenne. Démocratie sanitaire Le projet est développé par Médecins du monde Belgique et ses partenaires Coopération pour le développement des pays émergents (Cospe), Mouraqiboun et la Fondation Centre de recherche et de coopération pour le développement (Cideal). Il couvre 13 gouvernorats: Tunis, Ben Arous, Ariana, La Manouba, Jendouba, Le Kef, Siliana, Gafsa, Kasserine, Sidi bouzid, Médenine, Gabès et Kébili en vue «d'améliorer la santé des populations». L'atelier a synthétisé les réalisations du projet sanitaire au cours des trois années de sa mise en œuvre, ainsi que les bonnes pratiques et les leçons apprises à travers la mise en place d'actions en étroite collaboration avec un large éventail de partenaires institutionnels, privés et de la société civile. Dans ce cadre, l'atelier national a réuni des représentants de la société civile des gouvernorats ciblés par le projet, ainsi que des représentants des autorités locales, des directions régionales de la santé, des membres des circonscriptions sanitaires et des élus locaux. Les actrices et les acteurs présents à cet événement ont contribué à la construction d'un environnement propice au dialogue et à la collaboration inclusive en vue d'une meilleure compréhension des besoins en santé des populations locales, afin, notamment, de mieux y répondre. Après l'ouverture officielle, des médecins ont pris la parole pour rappeler l'importance du «dialogue sociétal» qui a permis de construire une politique nationale de santé, tendant vers la digitalisation du système de santé et le renforcement de la gouvernance sociale. La capitalisation des expériences, qui est un concept valorisé, a permis d'en arriver à de nombreuses conclusions, comme l'importance de «la démocratie sanitaire qui va assurer l'accès de tous aux soins de base». Capitalisation des expériences Le dialogue multi-acteurs avec une cartographie des acteurs publics, privés et associatifs et la diffusion de l'information pour plus de transparence et d'équité sont requis. Des appels à l'éducation sur la santé environnementale, à la sensibilisation des populations vulnérables, comme dans l'arrière pays, où 50% des agriculteurs ne savent même pas que les pesticides sont dangereux et nuisibles pour la santé et où les femmes ignorent l'importance du recours aux sages-femmes pendant la phase de grossesse ou d'accouchement lors des complications, comme à El Hamma (Gabès), ont été lancés. Toutes ces expériences tendent à améliorer les pratiques en matière de santé et d'environnement en Tunisie dans la transparence. Une bonne pratique de santé est celle qui «donne des résultats» et ne se contente pas seulement de fournir des preuves de son succès à l'avance. Le travail associatif tunisien «reprend du poil de la bête» et change de stratégie pour être plus efficace en étant au plus près des attentes et des considérations des citoyens tunisiens. Améliorer l'accès à la santé de proximité Les activités du projet Sehaty ont été mises en œuvre au niveau de 15 circonscriptions sanitaires identifiées dans les 13 zones ciblées par le programme «Essaha Aziza». Le projet Sehaty, par son ampleur, a suscité l'intérêt d'un grand nombre d'acteurs de la société civile. L'équipe du projet a reçu un total de 248 candidatures pour le financement du projet, ce qui souligne la volonté et l'engagement de la société civile à intervenir pour améliorer l'accès à la santé des populations locales. En effet, dans le cadre de Sehaty, 46 projets et 101 associations, au total, ont pu bénéficier d'un appui technique et financier pour la mise en œuvre de projets visant à améliorer l'accès à la santé, notamment la santé des groupes les plus vulnérables. Les associations partenaires de Sehaty ont, notamment, traité à travers leurs projets des problématiques telles que: l'amélioration de l'accès aux droits et à la santé sexuelle et reproductive, la lutte contre les violences basées sur le genre, la prévention et l'accompagnement des personnes exposées aux drogues, la lutte contre la pollution et ses effets sur les communautés, la gestion des déchets, la lutte contre la pandémie du coronavirus ou encore l'accès à la santé des personnes en situation de handicap. Sehaty a également adopté une approche participative qui s'est traduite par la mise en place d'une série de «dialogues multi-acteurs», dans l'objectif d'identifier les besoins des populations locales en matière de santé. Le lancement de ces dialogues a nécessité, au niveau des 13 zones d'intervention, plus de 350 responsables et/ou partenaires institutionnels locaux, régionaux, privés, publics et membres de la société civile, en plus du personnel soignant des structures sanitaires et celui de la médecine scolaire.