En 2015, les investisseurs en capital ont financé 189 projets pour un montant de 207 millions de dinars, dont la moitié a été investie dans les zones de développement régional Au cours du point de presse organisé hier, mercredi, Karim Ghenim, président de l'Association tunisienne des investisseurs en capital (Atic), n'a pas manqué d'exprimer des critiques envers le projet de Code d'investissement. «Si on regarde de près, on est en train de suivre à la lettre le FMI. On ne différencie pas entre entreprise exportatrice et non exportatrice, un système on-shore et off-shore. Cela peut être valable dans une situation économique ordinaire. Mais ce n'est pas compatible avec la situation particulière de notre pays», a-t-il lancé. M. Ghenim estime aussi que le projet de Code de l'investissement donne une «définition archaïque» des Petites et Moyennes Entreprises (PME), les soumet à un seul critère, celui d'un capital ne dépassant pas les 10 millions de dinars. L'Atic propose de s'appuyer sur des critères relatifs au nombre d'employés —entre 10 et 20 selon l'INS— et la taille de l'actif —pas plus de 30 millions de dinars—. Accompagnement Les responsables de l'Atic s'étonnent également de voir ignorer la question de l'innovation dans le nouveau code, estimant qu'il s'agit d'un grand manque. «On parle toujours du changement de modèle de développement. Si on veut réellement réaliser cela, il faut passer à l'économie du savoir, à l'innovation, penser à rapprocher l'administration des citoyens par le biais des TIC», indique Mohamed Salah Frad, membre du conseil de l'Atic. De son côté, M. Majaji, délégué général, indique que l'Atic n'a pas été entendue par l'Assemblée des représentants du peuple pour ce projet, malgré les multiples demandes qu'elle a formulées, imputant cela à une incompréhension de l'activité des investisseurs en capital. Et pourtant, les investisseurs en capital sont des acteurs importants du paysage économique et financier puisqu'ils ont un grand rôle à jouer dans le financement du capital des sociétés non cotées. En outre, ils contribuent à l'accompagnement des porteurs de projets lors de la création et aussi dans leur phase de développement, selon M. Ghenim. En 2015, les investisseurs en capital ont financé 189 projets pour un montant de 207 millions de dinars —dont la moitié a été investie dans les zones de développement régional— contribuant à la création de 5.000 à 6.000 emplois. Un rythme qui est resté stable, durant les quatre dernières années, se réjouit M. Frad, soit une moyenne de 200 projets et de 200 millions de dinars d'investissements par an. Risques Les risques dans ce genre de participation financière restent très élevés, puisque la loi interdit la demande de garanties, s'appuyant seulement sur la qualité du projet. «Nous sommes des investisseurs sur le moyen et le long terme. Nous ne sommes pas des spéculateurs. Nous mettons tous les moyens pour que les projets dans lesquels nous sommes engagés réussissent. Le risque additionnel de liquidités est aussi un challenge de plus, puisqu'on a affaire à des sociétés non cotées», explique M. Ghenim. Il ajoute que, vu l'accès très difficile au financement bancaire et le manque de liquidités sur le marché financier, le capital investissement est un financement alternatif qui a un grand rôle à jouer pour booster l'investissement et la création d'emplois. Concernant les avantages fiscaux dont bénéficient les Sociétés à Capital Risque (Sicar), le président de l'Atic précise qu'ils ne font que mitiger les risques encourus par ces sociétés et qu'il s'agit d'une politique volontariste de l'Etat. A noter que l'Atic a été créée en 2004 et regroupe 41 membres actifs et 6 membres associés, étant la seule association qui représente les investisseurs en capital en Tunisie. Elle compte organiser, le 31 mars 2016, la 2e Conférence annuelle du capital investissement sur le thème «Le capital investissement : moteur du développement économique et social et levier d'internationalisation des entreprises».