CE n'est malheureusement pas une surprise. Depuis le temps qu'ils vivent dans la grande désillusion, les islamistes d'Ennahdha se laissent entraîner dans une spirale dans laquelle ils se montrent incapables de se démarquer. Ils n'en finiront certainement jamais de susciter les débats, généralement sur fond de polémique. Sans scrupule et oubliant la décennie noire qui ne plaide aucunement en leur faveur et qui est de toute évidence à l'origine de la crise dont les répercussions marquent encore le pays et l'empêchent de décoller, et au moment où les négociations avec le FMI et la Banque mondiale évoluent sur la bonne voie, ils ont toujours pris l'habitude de faire payer à leurs adversaires les frais de leur échec, faisant croire, à qui veut bien les entendre, que le gouvernement est « incapable de gérer la crise économique actuelle », tout en évoquant « une dégradation inédite des conditions sociales des Tunisiens, à la lumière de la détérioration de leur pouvoir d'achat et la hausse vertigineuse des prix ». A des années lumière des réformes susceptibles de définir une vraie politique économique et sociale, et avec des approches descendues du ciel, bâclées, travaillées à la va-vite et ayant basculé sans cesse dans des considérations étriquées, Ennahdha et ses différents alliés ont conduit l'économie et les finances tunisiennes dans une phase de décomposition presque suicidaire. Ils n'ont aujourd'hui ni la compétence ni la vocation qui peuvent faire d'eux et de leurs associés les hommes de la situation. Pas seulement au niveau économique, mais aussi politique, et surtout social, même s'ils continuent à parler au nom des Tunisiens, et notamment des catégories vulnérables. Ces mêmes catégories qu'ils avaient oubliées lorsqu'ils étaient au pouvoir. Entre l'image qu'on veut donner et la réalité de plus en plus rebondissante, c'est souvent la même histoire avec le mouvement islamiste. Surtout lorsque ses principaux dirigeants s'acharnent à fuir leurs responsabilités, ou encore à déformer la réalité. L'acte de remise en cause n'a jamais sonné. On sait que derrière autant de manquements, se cachent toujours des dangers aussi bien pour le pays que pour le parti lui-même. Si les défaillances politiques, économiques et sociales de la Tunisie portent toujours la même marque, la même signification, Ennhadha se permet encore de séduire les Tunisiens. Mais tout ce qu'il ne cesse d'entreprendre a tout simplement le pouvoir de détruire au lieu de construire, de décourager au lieu d'encourager. En clair, d'ouvrir de profondes blessures au lieu de guérir...