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Témoignages vivants depuis la France : Loi immigration et la peur de l'expulsion, des Tunisiens sans papiers se confient
Publié dans La Presse de Tunisie le 31 - 01 - 2024

Manifestation en faveur de la régularisation des travailleurs sans papiers, à Paris (Archives). Fin 2022. © XOSE BOUZAS / HANS LUCAS

La très controversée loi dite « Loi immigration» a été récemment adoptée par l'Assemblée nationale et le Sénat français, au terme d'une série de sessions marquées par des débats houleux entre les parlementaires et le gouvernement.
La sentence est tombée, implacable. Ce sont les migrants irréguliers qui seront les premiers à en pâtir. C'est que cette loi que certains espéraient plus clémente que celle qui l'a précédée a, plutôt, placé la barre de la prudence (méfiance ?) très haut, en optant pour le durcissement des droits des étrangers, particulièrement pour ceux concernes par les mécanismes du regroupement familial, le droit du sol, l'accès aux aides sociales et la régularisation de la situation des sans-papiers.
Depuis, les migrants tunisiens et ceux d'autres pays ne savent plus à quel saint se vouer, résignés à vivre, tous les jours que Dieu fait, la peur au ventre et l'épée de Damoclès sur la tête.
En attendant que les autorités françaises annoncent un premier bilan des arrestations, dans le cadre de la mise en application de cette loi, La Presse a interrogé un certain nombre de nos migrants de la région parisienne et des métropoles de Lyon et Nantes. A les entendre, se dégagent un net sentiment d'inquiétude et des incertitudes angoissantes quant à leur avenir au pays de Voltaire.
La peur au ventre
Commençons par les plus désespérés d'entre eux. Salah. B, 28 ans, basé à Paris Saint Denis, est inconsolable. « Depuis que j'ai atterri ici, raconte-t-il, je suis continuellement en proie aux regrets, car je n'ai jamais cru que les milliers de kilomètres que j'ai péniblement parcourus en clandestin entre mon débarquement à l'île de Lampedusa et la capitale française, pourraient me réserver une si grosse déception.
Dans ma naïveté, je m'attendais à me retrouver dans un eldorado, suite aux monts et merveilles que beaucoup d'amis m'ont décrits. Aujourd'hui, non seulement je ne travaille pas, mais également, je suis menacé d'expulsion à tout moment ». La solution ? Eh bien, selon lui, « il n'y en a pas 36 mille. Ma décision est déjà prise : j'irai à Marseille pour faire autre chose». Une phrase mystérieuse lâchée sèchement, sans plus de détails. Serait-ce un saut dans l'inconnu, avec une éventuelle... incursion dans les sables mouvants de la criminalité et de la drogue ?
Ali, un jeune de 25 ans, également chômeur à Paris, ne dit pas autre chose. « Je suis persuadé, déplore-t-il, que la nouvelle loi sur l'immigration est venue jeter de l'huile sur le feu, au lieu de nous aider à reprendre espoir. Sans aucun cv et n'ayant pas pu être embauché dans les nombreux chantiers que j'ai visités, y compris ceux qui sont dirigés par des gérants tunisiens, je suis condamné à vivre dans l'anxiété, avec des jours sans pain et dans une peur bleue de se faire interpeller à tout moment par une patrouille de police. Et Ali de conclure, en jurant ses grands dieux, de continuer à faire de la résistance, sans jamais perdre l'espoir de voir la situation se débloquer dans un avenir qu'il espère proche ».
Exposés à tous les abus
Un peu plus loin, la métropole de Lyon et ses départements regorgent également de sans-papiers tunisiens. Mohsen. C, 29 ans, en est un de plus. « Il est inadmissible, tempête-t-il, qu'ils aillent jusqu'à nous priver de l'accès aux aides sociales dont on bénéficiait jusque-là, comme la gratuité de la nourriture et de l'hébergement dans les centres d'aide humanitaire aux sans-abri ». Un luxe « qui n'est plus désormais qu'un lointain souvenir.» «A cela, se plaint encore notre interlocuteur, il faut ajouter la violation de nos droits de travailleurs occasionnels dans les chantiers où des patrons sans scrupule n'hésitent pas à exploiter notre situation irrégulière pour nous confier des tâches usantes et insoutenables, nous renvoyer pour un oui ou pour un non, sans compter leur refus d'améliorer nos rémunérations qui n'atteignent même pas le Smig. Bref, si j'arrive à peine à manger à ma faim, et j'ignore ce que le sort me réserve.»
Sauvés in extremis par leurs diplômes
En revanche, cette loi immigration n'a pas fait que des malheureux, certains des migrants ont été bel et bien épargnés. Il s'agit là de la frange des travailleurs spécialisés dans les travaux de bâtiment, des usines et ceux de la restauration, les cafés et les restaurants, ainsi que dans le corps des infirmiers. Ceux-ci, bien qu'en situation irrégulière (sans visa, sans papiers) l'ont finalement échappé belle. En effet, ils sont armés de leurs diplômes nationaux en formation professionnelle, donc facilement recrutables dans des métiers dits en tension en France.
Ceux-là dont sont à l'abri d'une arrestation suivie d'expulsion et, pour certains cas jugés graves, d'emprisonnement. Il n'en demeure pas moins que, pour eux, ce n'est pas encore le bout du tunnel, dans la mesure où ladite loi exige, entre autres restrictions, qu'ils doivent justifier, pièces à conviction à l'appui, d'une présence minimale de trois ans sur le sol français et d'un casier judiciaire vierge pour pouvoir enfin arracher le fameux sésame : la carte de séjour et tous les avantages sociaux et financiers liés.
Mehdi. M, 35 ans, aujourd'hui installé à Nantes au terme de longs mois d'errance entre Paris et Strasbourg, a de quoi pavoiser. « C'est, avoue-t-il, mon diplôme de technicien supérieur en maintenance industrielle qui m'a sauvé, en m'ouvrant la voie à un recrutement en bonne et due forme. Et c'est encore lui qui m'a procuré la stabilité dont je rêvais tant depuis mon arrivée, il y a un peu plus d'un an, en France. Ainsi, partent en fumée les tonnes de craintes qui pesaient sur mon corps, comme un cheval mort », décrit-il en philosophe.
Oui, la patience paye, et dans ce genre d'odyssée, seuls ceux qui ont les reins solides et sont endurants peuvent tenir face aux restrictions de plus en plus drastiques imposées par la nouvelle loi sur l'immigration qui fait encore la une des médias de l'Hexagone.


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