Désormais, au nombre de morts par bombardements s'ajoute celui des morts par la faim. Les chiffres augmentent (31mille 180 morts), le nombre de blessés a atteint 72 654, alors que des milliers de victimes sont toujours sous les décombres ou abandonnées dans les rues, les forces israéliennes empêchant l'intervention des ambulanciers. Les enfants, les femmes et les personnes âgées représentent 72% des martyrs et des blessés. Au cours des dernières 24 heures, l'armée israélienne a commis huit massacres contre des familles gazaouies, faisant au moins 85 morts et plus de 130 blessés. Nous citerons les chiffres à volonté, en toute circonstance et à toute occasion, et ce, pour une raison évidente : informer l'opinion qu'ils sont vérifiés et approuvés par les autorités internationales. Ce que le gouvernement israélien rejette, arguant, sans preuve, que le ministère palestinien de la Santé gonfle les chiffres pour gagner la sympathie de l'opinion internationale. Depuis des mois, celle-ci, à force d'y voir plus clair dans la situation au Proche-Orient, est ébranlée par les meurtres et effarée par les mensonges qui s'enchaînent, les manifestations pour marquer une trêve et arrêter le génocide continuent à donner du souci, sinon des démangeaisons aux hauts responsables. Aux premiers desquels le président Biden qui se trouve embarrassé : son poulain pousse trop loin le bouchon ; la trêve tant attendue à l'occasion du mois de Ramadan, et à laquelle tous les pays ont appelé, n'a pas eu lieu. Le chef du gouvernement israélien s'est rebellé contre les ordres de son chef, il en a décidé autrement. Pire, il continue à bombarder Gaza qui ne compte plus les femmes et les enfants blessés, livrés à eux-mêmes, ne sachant où partir. Biden, partisan indéfectible d'Israël, se trouve dans une position d'équilibriste. Il entend secouer l'Etat hébreu, l'appelant à «un cessez-le-feu immédiat », tout en lui fournissant les armes pour bombarder et tuer. Washington multiplie les largages d'aides humanitaires, le premier navire d'aide (l'Open Arms), avec 200 tonnes de vivres, est parti de Chypre vers Gaza. Quelle sera la réaction de Netanyahu ? La cote du Président américain baisse, l'arrogance et l'intransigeance d'Israël y sont pour quelque chose. L'énervement se fait sentir ; une phrase a fait le tour des rédactions, répercutée partout; « Netanyahu fait plus de mal que de bien à Israël », a dit Biden. Ce à quoi l'intéressé répond : « ...si le Président entend que je vais contre les intérêts d'Israël, alors il a tort... ». Où l'on comprend que Netanyahu, pour sauver sa peau, miserait sur Trump pour pouvoir échapper à la justice. La semaine dernière, l'administration américaine a encore fait grincer des dents la droite israélienne, en recevant le rival de Benyamin Netanyahu et membre du cabinet de guerre, Benny Gantz, comme pour préparer l'après-invasion. L'équilibriste en chef essaie de ménager la chèvre et le chou, le Ramadan lui en fournit l'occasion. Joe Biden a transmis un message de solidarité dans lequel il affirme que pendant ce mois sacré, « la souffrance du peuple palestinien sera au premier plan pour beaucoup. Elle l'est pour moi ».