La Tunisie adoptera l'économie solidaire et sociale en tant que nouveau mécanisme de développement dans le plan quinquennal 2016/2020, outre l'économie verte et l'économie numérique et ce afin de réaliser ses objectifs de développement, a déclaré hier le chef du gouvernement, Youssef Chahed. L'économie solidaire et sociale permet de relever les défis importants du pays en matière de lutte contre la pauvreté et le chômage, la facilitation de l'intégration économique et sociale des habitants des zones rurales et le désenclavement des zones reculées, a souligné Chahed à l'ouverture du forum sur la femme agricultrice en Afrique. Le chef du gouvernement a noté que les conditions dures de la femme agricultrice nécessitent l'adoption d'une nouvelle orientation qui donne la priorité à l'être humain, ajoutant que cette orientation offre des perspectives pour le développement et la modernisation du secteur agricole en Tunisie et en Afrique, continent qui connaît un déficit de ressources, outre le manque d'encadrement et de soutien La contribution du secteur de l'agriculture et de la pêche à l'emploi en Tunisie s'élève à 18%, avec 611.000 personnes dont 39% de femmes, selon le ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche. Le forum sur la femme agricultrice en Afrique se tient les 27 et 28, à Tunis, sur le thème « Femme agricultrice et économie sociale et solidaire : dispositifs d'intégration et de promotion». Des programmes de formation adaptés aux besoins de la femme rurale seront mis en place par le ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, outre un espace permanent d'exposition et de commercialisation de ses produits, a affirmé de son côté le ministre Samir Betaieb. Il a ajouté qu'une commission dédiée au développement rural, au genre social et à la femme sera créée dans le cadre du plan quinquennal de développement 2016/2020. La présence des femmes dans des postes de responsabilité demeure faible par rapport aux hommes, tandis qu'elles représentent 70% du total de la main-d'œuvre agricole, a rappelé le ministre de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche. Il a mis l'accent sur le souci du ministère d'améliorer la situation de la femme dans les zones rurales de manière à instaurer un système consacrant l'égalité des chances entre les hommes et les femmes et entre les régions. Le président de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap) Abdelmajid Ezzar a, de son côté, fait savoir que 60% des femmes agricultrices en Tunisie ne bénéficient pas d'encouragement ou d'encadrement, évoquant les difficultés auxquelles elles font face à l'instar de l'absence de mécanismes de financement direct. L'économie solidaire et sociale constitue un mécanisme efficient permettant l'encadrement et l'accompagnement de la femme agricultrice dans les différents cycles de production (financement, assurance, commercialisation et valorisation du produit...). Ce mécanisme est à même de contribuer au développement de la couverture sociale et sanitaire au profit de la femme agricultrice et, partant, favoriser l'amélioration de son niveau de vie. Pour sa part la ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfance, Naziha Abidi, a indiqué que la femme rurale est victime d'injustice notamment en ce qui concerne l'inégalité au niveau des salaires par rapport à celui consenti au collègue masculin, outre les conditions de transport déplorables et dangereuses caractérisant son travail dans ce secteur. Des agricultrices africaines (Algérie, Mali, Maroc, Mauritanie, Bénin, Gabon, Sénégal et Burkina Faso...) ont pris part à ce forum qui s'inscrit dans le cadre de la célébration de la journée internationale de la femme rurale (15 octobre). Un espace d'exposition et de vente des produits agricoles des femmes chefs de projet sera organisé, du 28 au 30 octobre, à l'avenue Habib Bourguiba, dans le cadre de ce forum organisé à l'initiative de l'Utap en collaboration avec les ministères de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, de la Femme, de la Famille et de l'Enfance et le bureau sous-régional de l'Afrique du Nord de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).