Lundi 20 mars 2017, fête de l'Indépendance. Il est onze heures passées. L'avenue Habib-Bourguiba continue à drainer une foule bigarrée et de tous les âges, venue célébrer l'événement à sa manière. La plupart des personnes étaient accompagnées de leurs enfants qui, drapeau à la main, gambadaient allègrement. Pas de cérémonial, pas de tribunes pour haranguer la foule : les partis politiques et les organisations fêtaient l'événement ailleurs... Une ambiance bon enfant, détendue malgré le cordon sécuritaire vigilant qui veille. Le regard perdu, comme tendu vers la statue d'Ibn Khaldoun, Bourguiba, sur son cheval, tourne le dos carrément à l'horloge géante du 7 novembre. Il y a de ces successions et de ces revirements, parfois inattendus de l'histoire. L'avenue Habib-Bourguiba, témoin muet et impassible de l'histoire, aura vécu. Ce boulevard qui, tel un long fleuve, a charrié de nombreux événements, sans se départir un seul instant de sa placidité, jusqu'au 14 janvier 2011. Depuis, cette avenue a connu un regain d'activités, devenant ainsi le symbole et le théâtre sacro-saint des protestations, des célébrations de toutes sortes et surtout des manifestations organisées par les divers partis. Hier, seuls les citoyens avaient envahi la place, en badauds qui déambulent tranquillement sur l'artère, porteuse d'histoire et de tant d'événements. Midi trente, la foule est toujours là, se déplaçant entre les groupes de chanteurs qui égrenaient des chansons engagées et des boys scouts qui entonnent des chansons d'amour et de fidélité à la mère patrie, à la Tunisie. Les cercles se font et se défont pour se reconstituer avec les nouveaux arrivants. 13h00. En cette journée assez chaude pour un début de printemps, la foule se fait plus clairsemée. Beaucoup se dirigent vers les rues adjacentes pour prendre d'assaut restaurants et gargotes, manger et se désaltérer, pour reprendre ensuite leur promenade ou le chemin de la maison. Les enfants sont enfin fatigués ou lassés de ce même spectacle qui se répète à satiété.