Comment briser le cercle vicieux de la centralisation excessive, renforcée par le système des festivals et le manque de salles de cinéma Nous savons que le premier problème de la culture en Tunisie réside dans la difficulté d'accès du plus grand nombre. Les régions défavorisées, les jeunes, les handicapés, les filles sont plus ou moins exclus de la dynamique pour des raisons de distance, d'horaire, d'infrastructure, de moyens d'exploitation. Pourtant, la production culturelle tunisienne est en pleine effervescence depuis 2011, comme en atteste, entre autres, la production des films. Comment en faire profiter le plus grand nombre ? Comment briser le cercle vicieux de la centralisation excessive, renforcée par le système des festivals et le manque de salles de cinéma ? C'est la question qui se pose pour la sortie nationale du film de Walid Mattar Vent du Nord qui vient de remporter trois prix à la dernière session des JCC. Sa sortie nationale est prévue pour le 10 janvier 2018. Pourquoi ne pas organiser la première à Hammam-Lif ? Walid Mattar y est né. Il a fait son apprentissage au sein de la section locale des cinéastes amateurs. Projeter son premier long métrage à Hammam-Lif aurait été un hommage à son parcours. De plus, une partie du film a été tournée dans la ville, et cette projection aurait été un retour louable pour le public de cette localité de la banlieue sud, qui comprenait autrefois trois salles de cinéma. Le public populaire et cinéphile hammam-lifois a donné quelques noms de célébrités culturelles au pays : Aly Ben Ayed, Mouna Noureddine, Noureddine Kasbaoui, Selma Baccar, Férid Boughdir, Leïla Toubel... Seulement voilà, les trois salles n'existent plus. Le seul lieu de projection possible est celui de la maison de la culture Aly Ben Ayed. Après enquête, il s'avère que les activités de cette maison sont cantonnées aux horaires administratifs. Les employés estiment qu'en dehors de ces horaires, les conditions de travail sont dangereuses. Ils demandent des mesures de sécurité et des heures supplémentaires pour pouvoir assurer l'animation en soirée ou pendant les week-ends. Est-ce trop demander pour insuffler un peu de vie dans la ville ? Pourquoi ne pas rendre un peu à la ville ce qu'elle a donné ? Pourquoi ne pas penser à faciliter la culture de proximité dans cette banlieue privée d'infrastructure ? Les citoyens d'Hammam-Lif ont besoin de relancer le développement culturel de la ville et la projection du film de Walid Mattar peut être une occasion de relancer un peu de la dynamique perdue. Le film Vent du Nord de Walid Mattar mérite de passer pour la première fois à Hammam-Lif, et la ville d'Hammam-Lif a besoin d'occasions de ce genre pour sortir de la dégradation culturelle qui la ronge depuis des années.