Entamé depuis le 2 janvier, la grève générale des enseignants chercheurs universitaires se poursuit, dans diverses facultés, notamment dans les régions. En boycottant les examens semestriels, les enseignants chercheurs ont engagé un bras de fer, qui selon eux, serait le seul moyen de faire entendre leur voix. Quelle que soit la nature du combat livré au sein des institutions universitaires, ce sont toujours les étudiants qui se trouvent acculés à régler la note. Ainsi semble être le sort d'un bon nombre d'étudiants empêchés de passer leurs examens semestriels, depuis le début de l'année, à cause d'une grève générale entamée par les enseignants chercheurs universitaires. 23 jours se sont écoulés et les bancs des amphis dans divers facultés et instituts, demeurent toujours vides et inoccupés. Les enseignants poursuivent la grève générale. Indignation contre la marginalisation des chercheurs Contacté par La Presse, Najmeddine Jouida, secrétaire général du syndicat Ijaba qui a appelé à cette grève, a déclaré que plus de 60 instituts et facultés dans diverses régions de la Tunisie sont toujours en grève. «Environ 2.000 enseignants chercheurs dans des universités à Sousse, Sfax, Carthage, Gabès, Kairouan et Gafsa ont boycotté les examens, et ils sont, actuellement, toujours en grève. Nous nous indignons contre la politique de marginalisation des enseignants chercheurs, menée par le ministère de tutelle. Nous demandons d'appliquer la loi et de respecter la grille de salaires», s'indigne-t–il. Il a affirmé que le respect de la grille de salaires au sein de la fonction publique suppose une rémunération tributaire du niveau d'instruction des fonctionnaires suivant une grille échelonnée en fonction du nombre d'années post baccalauréat. Face à cette situation exaspérante, les jeunes internautes ont enflammé les réseaux sociaux. Entre opposants et partisans, ils éclataient en invectives contre ce bras de fer engagé entre le ministère et le syndicat. Alors que certains considèrent que les revendications des enseignants sont bien légitimes, d'autres prennent ces demandes pour des caprices, surtout que le pays passe par une crise économique. «Contrairement à ce que l'on croit, c'est contre le dénigrement du professeur chercheur universitaire que nous nous indignons. Par une rémunération digne et respectant la grille salariale de la fonction publique, nous revendiquons la dignité du chercheur tunisien. Et puis, si par la suite, l'on veut suivre des démarches d'austérité, soit. La marginalisation des enseignants chercheurs universitaires ne peut plus continuer», s'explique Najmeddine Jouida. Ne pas lâcher du lest De son côté, le ministère a affirmé dans un communiqué rendu public le 22 janvier que les revendications seront considérées parmi les priorités des prochaines séances de négociations entre le gouvernement et les parties sociales. Toujours selon le même communiqué, l'examen des revendications sociales des enseignants universitaires est déjà en cours et a été entamé par les commissions mixtes fondées à l'issue du congrès national sur la réforme de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. «Toujours la même langue de bois. Toujours une attitude d'un ministère qui fait l'autruche. Des collègues dans plusieurs facultés ont même reçu des préavis de retenue sur salaire pour absence», a déclaré le secrétaire général du syndicat Ijaba, en guise de réponse à ce qu'il a été mentionné dans le communiqué publié par le ministère de tutelle. Menaçant d'escalade, il a affirmé que le syndicat ne lâchera pas prise, jusqu'à satisfaction des revendications. Pris en otage, les étudiants sont toujours empêchés de passer les examens principaux du premier semestre. Pour eux, l'année universitaire semblerait interminable.