Avec le film Mandoo en compétition et une rétrospective du jeune cinéaste Mohamed Al-Daradji, le 51e festival international de Salonique, clos le week-end dernier, a montré la vitalité d'un cinéma irakien en pleine renaissance, qui se joue de la politique. «Entre 2005 et 2008, quasiment aucun film n'a été produit en Irak en raison des violences. Mais aujourd'hui, les choses changent», déclare Mohamed Al-Daradji, auteur du très beau Son of Babylon, tourné en Irak dans des conditions acrobatiques et produit par plusieurs pays européens et moyen-orientaux. Ce film, qui représentera l'Irak pour l'Oscar du meilleur film étranger le 27 février, à Hollywood, dépeint la quête d'une vieille paysanne kurde partie vers le sud du pays, trois semaines après la chute de Saddam Hussein, avec son turbulent et truculent petit-fils Ahmed, à la recherche du père du petit garçon, soldat de l'armée de Saddam pendant la première guerre du Golfe en 1991. Montré en projection le 6 mai à Bagdad, il a accumulé, depuis, une vingtaine de récompenses dans des festivals du monde entier, de Berlin au Caire, en passant par Edimbourg. «Pendant le tournage, vingt fois je me suis dit, c'est trop dur, j'arrête», ajoute le cinéaste, âgé de 34 ans, qui a mis plus de quatre ans pour terminer son film, en bravant aussi bien la violence quotidienne de la rue irakienne que les tentatives de censure. Un mois de tournage rien que pour une scène de quelques secondes, où l'on voit un vieux bus brinquebalant traverser un des grands ponts métalliques de Bagdad. L'un des objectifs du cinéaste, récemment nommé réalisateur moyen-oriental de l'année par la revue américaine Variety, est de susciter des vocations dans son pays natal et de rouvrir les 275 cinémas détruits par la guerre.