Loin des poncifs qui diluent le plus souvent l'œuvre de la femme et sa contribution à l'édifice culturel, M. Abderraouf El Basti, ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, a annoncé le ton scientifique, réflexif et incisif sur «l'image de la femme arabe dans ses écrits». Devant une audience, très nombreuse, d'écrivains, de chercheurs, de critiques et de poètes, en majorité des femmes, venus de plusieurs pays arabes et invités à réfléchir, et à témoigner de leur expérience au sein du colloque sur ce thème, organisé hier matin par l'Union des écrivains tunisiens, sous le haut patronage de Mme Leïla Ben Ali, présidente de l'Organisation de la femme arabe. D'évidence, l'échantillon tunisien développé par le ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine en dit long sur le chemin parcouru par la femme tunisienne écrivaine, poétesse, mais aussi créatrice, toutes expressions confondues. Longtemps confinée dans une approche masculine souvent réductrice, la femme tunisienne a brisé les fers de ces cloisons pour se raconter, s'écrire, se peindre, se mettre en scène, en notes musicales, dans un mouvement spécifique volontaire et résolu. Cet éveil est sans doute le répondant d'une démarche de longue haleine conçue et menée par les réformateurs qui, depuis le début du XXe siècle, n'ont cessé de braver les résistances contre la promotion de la femme et l'épanouissement de sa personnalité. Entreprenantes, combatives, les femmes tunisiennes ont percé dans les diverses expressions artistiques non seulement en tant que créatrices, mais aussi en tant que gestionnaires dans la production notamment théâtrale et cinématographique. Les deux générations, celle de l'indépendance et celle du Changement, fortes du Code du statut personnel, une exclusivité juridique dans le monde arabe, et d'un ensemble de mesures en faveur du secteur culturel, ont respectivement formulé les termes d'une création féminine à part entière et prospecté de nouvelles voies de la création et de la production. Elles se sont assumées en fonction d'un double défi : celui de se démarquer par rapport à l'approche masculine et celui de répondre aux exigences d'un secteur mobile sans cesse parcouru par des mutations renouvelées. La première séance du colloque présidée par M. Mohamed Moaâda, a regroupé six communications. Aloui Hachemi de Bahreïn a abordé «L'image de la relation homme-femme» dans l'expérience de Imen Assiri. Sa compatriote Faouzia Rachid, Hend Azzouz, écrivaine tunisienne, et Ibtissem Samadi, de Syrie, ont toutes les trois témoigné de leur expérience. «L'image historique dans les écrits de la femme contemporaine» est le thème traité par Ahmed Darouiche d'Egypte. Quant à la chercheuse Najoua Ksontini, elle a abordé «La femme écrivaine dans le miroir de sa critique». Mme Jamila El Mejri, présidente de l'Union des écrivains tunisiens, avait formulé dans son allocution de bienvenue, un ensemble d'interrogations développant les différents axes du colloque : la critique a-t-elle rendu justice à la création littéraire féminine ? L'heure n'est-elle pas venue pour que l'on cesse de rechercher l'image de la femme dans la littérature masculine ? Les travaux du colloque sur «L'image de la femme arabe dans ses écrits» se poursuivront aujourd'hui, dimanche et lundi 7 et 8 mars. Les participants sont venus de plusieurs pays : le Bahreïn, l'Algérie, le Maroc, la Libye, l'Egypte, la Mauritanie, la Syrie, les Emirats, l'Arabie Saoudite, la Jordanie, le Koweït, le Yémen, l'Irak, le Liban, la Palestine, et le Soudan.