Tunis (TAP)- Loin de toute surveillance, un décryptage et des témoignages de la Tunisie d'avant et d'après le 14 janvier 2011, aux niveaux historique, politique, économique, social, médiatique et artistique, résument le nouvel ouvrage fraîchement paru aux éditions Alif. Intitulé "Dégage", l'ouvrage est le premier livre tunisien donnant la parole aux tunisiens et tunisiennes qui se sont engagés à travers un seul cri, un même slogan et un langage solidaire "Dégage" pour que Ben Ali quitte les lieux, après son discours du 13 janvier considéré comme celui "de la dernière chance". Au sommaire: les foyers de révolte de 2008 à 2010 Se voulant un opus pratique et exhaustif, l'ouvrage de 240 pages, comporte au sommaire plusieurs chapitres liés notamment à l'histoire de la Tunisie centrale au coeur des révoltes pour la liberté (page 10) à commencer par "les héros du peuple numide" jusqu'aux "Héros de la guerre d'indépendance" sans oublier les foyers de révolte de 2008 à 2010: l'affaire du bassin minier de Gafsa, les événements de la Skhira et l'immolation par le feu à Monastir du jeune marchand ambulant interdit d'activité, Abdessalem Trimech. En se basant sur une riche documentation, l'ouvrage dresse dans un autre chapitre une "autopsie d'une information sous haute surveillance" et donne un aperçu détaillé des symboles de la nation dont "la Constitution du 1er juin 1959 à l'ère de la révolution". L'ouvrage n'a pas manqué aussi de rendre hommage non seulement à l'armée nationale garante de la sécurité et de la souveraineté du peuple, mais aussi aux victimes qui ont cher payé le renversement de leur président. Rédigé par un collectif, le livre comporte plus de 100 témoignages en textes écrits ou en entretiens avec les éditeurs s'articulant autour de trois questions majeures: Comment avez-vous vécu 23 ans sous le régime de Ben Ali? Comment avez-vous vécu les 29 jours de la révolution (17 décembre 2010-14 janvier 2011) et Comment voyez-vous l'avenir?. L'ensemble des témoignages représente les différentes composantes de la société tunisienne : citoyens ordinaires, journalistes, avocats, juristes, artistes, intellectuels, hommes politiques et hommes d'affaires. Les traces artistiques de la révolution, un patrimoine à sauvegarder Au niveau de l'illustration photographique, plus de 500 photos de formats différents ornent le livre, la plupart de Mohamed Salah Bettaieb qui, pour suivre les événements, a du ressortir sa carte de presse (datée du 31 décembre 1981) délivrée par le journal "Le Maghreb" qui fut, à plusieurs reprises, interdit de parution durant les années 80 et 90. Le lecteur pourra retrouver dans les 240 pages du livre, des analyses et des lectures sur tout ce qui s'est passé en Tunisie, ainsi que des témoignages livrés par des gens enfin libres de parler à voix haute, rompant ainsi le silence et lançant un regard sur le processus historique de la naissance de la nation tunisienne d'après Ben Ali. Imbibé de lumières, de couleurs et de symboles, le livre grand-format, n'est ni un livre de mémoire, ni un carnet de notes, ni un reportage journalistique, ni une recherche historique. Loin d'être aussi un essai politique, il constitue tout simplement une vraie représentation de l'Histoire de cette révolution racontée aujourd'hui comme une référence, à travers un florilège d'images réelles, et de moments émouvants qui sont restés profondément gravés dans la mémoire des lieux. En effet, l'art de l'affiche qui a marqué ces événements est largement présent dans ce livre à travers une large gamme de slogans "brandis à bout de bras, criés à tout vent", une large palette de tags et de graffitis "Traces artistiques de la révolution qui constituent un patrimoine national à sauvegarder".