Human Rights Watch (HRW) a appelé jeudi la Tunisie à assurer une meilleure protection des étrangers hébergés dans des camps après avoir fui la Libye, soulignant que des violences ont fait six morts le mois dernier dans un camp du sud tunisien. Dans un communiqué, l'ONG de défense des droits de l'homme note qu'au moins six personnes ont trouvé la mort lors de plusieurs incidents dans le camp de Choucha, en mai dernier. HRW indique avoir recueilli des témoignages selon lesquels, dans au moins trois de ces incidents, l'armée tunisienne, la garde nationale, des habitants de la ville voisine de Ben Guerdane, et des résidents du camp ont eu "à des degrés divers une part de responsabilité". "Parmi ceux qui fuient la Libye, les ressortissants d'autres pays, en particulier ceux venant d'Afrique subsaharienne, sont les plus vulnérables" a déclaré Joe Stork, directeur adjoint d'HRW pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord. "La Tunisie devrait améliorer la protection du camp de Choucha et faire rendre des comptes à tous ceux qui auraient fait un usage excessif et injustifié de la force", a-t-il ajouté. A la date du 21 juin, le camp de Choucha abritait 3.027 nationaux étrangers appartenant à 27 pays, pour la plupart d'Afrique subsaharienne. Les groupes les plus importants sont somaliens, érythréens, soudanais et éthiopiens, selon HRW. L'incident le plus grave s'est produit le 24 mai, le lendemain d'un mouvement de protestation de résidents du camp qui avaient manifesté pour réclamer une réinstallation en Europe plutôt qu'un rapatriement dans leurs pays, coupant la route entre la Libye et la Tunisie et interrompant ainsi le commerce frontalier. Le lendemain, selon HRW, entre 100 et 400 personnes venues de Ben Guerdane, dont certaines étaient armées de barres de fer, s'étaient rendues dans le camp sans être inquiétées au passage de deux points de contrôle tenus par l'armée et la Garde nationale tunisiennes. Une violente confrontation a ensuite eu lieu entre le groupe venu de Ben Guerdane, des résidents du camp armés de pierres et de piquets de tentes et des soldats tunisiens. Deux personnes, des Soudanais du Darfour, ont été battus à mort, apparemment par des civils tunisiens, écrit HRW. Un colonel tunisien a indiqué à l'ONG qu'une enquête était en cours. Le 22 mai, 4 Erythréens avaient trouvé la mort lorsqu'une vingtaine de tentes ont pris feu dans des circonstances jugées suspectes par des résidents du camp. HRW fait également état d'autres incidents dans lesquels des personnes hébergées dans le camp ont été blessées. "La Tunisie a ouvert ses frontières à ceux qui fuient les combats en Libye (...) Mais il faut en faire plus maintenant pour s'assurer qu'ils ne sont pas soumis à de la violence dans ce qui devrait être un refuge", a conclu M. Stork.