M. Ahmed Mestiri, homme politique de renom, fondateur du Mouvement des démocrates socialistes (MDS) et l'un des premiers politiciens à avoir dénoncé les dérives de Ben Ali, dès le début des années 90 du siècle dernier, a fait une déclaration dans laquelle il dénonce les tentatives des forces contre-révolutionnaires cherchant à faire avorter le processus démocratique. Ci-après le texte intégral de la déclaration de M. Ahmed Mestiri : L'état du pays se dégrade de jour en jour sur tous les plans. Le sort de la révolution est aléatoire. La contre-révolution, de l'intérieur et de l'extérieur, se manifeste maintenant ouvertement, et utilise des bandes de criminels de droit commun, déguisés parfois en militants politiques pour s'attaquer aux biens et aux personnes. Le pouvoir en place, tout en se déclarant provisoire et transitoire, est un pouvoir de fait, mais, tout de même, un pouvoir réel; et tout se passe comme si ce pouvoir s'est octroyé la plupart des responsabilités; celles de légiférer, de gouverner le pays, de prendre en son nom des engagements financiers extérieurs à long terme, de nommer des ministres et des haut fonctionnaires, les gouverneurs, des magistrats, des généraux de l'armée, des ambassadeurs, des officiers supérieurs de la garde nationale et de la police; celles de disposer des finances publiques, exercer son autorité sur l'armée, la police et les médias audiovisuels publics, et ordonner des poursuites judiciaires. Quant aux partis politiques, organisations professionnelles, diverses associations censées représenter la société civile pour constituer un contre-pouvoir crédible, beaucoup d'entre eux ont été créés de toutes pièces, pour les besoins de la cause, ou ont reçu les autorisations administratives avec une rapidité et une facilité déconcertantes, dans le dessein évident de salir l'image du pluripartisme et discréditer le système démocratique lui-même dans l'esprit des citoyens. Il convient d'ajouter à ce propos que l'argent — celui laissé par Ben Ali ou provenant d'autres sources — coule à flots pour entretenir la contre-révolution mais aussi pour alimenter les caisses de certains partis, organisations, ou associations à des desseins pas toujours innocents ni en toute légalité. Tout cela ne présage rien de bon pour le proche avenir, après l'élection de l'Assemblée constituante. Il m'appartient, comme citoyen indépendant, libre de tout engagement, d'exprimer publiquement mon opinion à ce sujet. Tout comme je me dois de déclarer clairement, et dores et déjà, mon opposition formelle — une opposition politique, pacifique et éloignée de la violence — à la démarche du pouvoir, celle de ses agents et de ses acolytes dans la classe politique — une démarche qui est de nature à compromettre l'avènement de l'Etat de droit et du régime démocratique, à court et à long terme. Ahmed Mestiri, le 22 juillet 2011