Avec la levée partielle des sanctions européennes contre la Libye, annoncée avant-hier, 31 août, quatre sociétés pétrolières locales et six ports libyens seront dès vendredi libres de commercer à nouveau avec l'Europe. Pourtant, la reprise des exportations d'hydrocarbures ne se fera que très progressivement. Il n'y a guère que le gaz qui pourrait être exporté quasi-immédiatement de Libye. Grâce au gazoduc sous-marin Greenstream, que la compagnie italienne ENI vient de remettre en état de fonctionnement, ENI espère redémarrer le flux dès le 15 octobre prochain. Direction l'Italie, qui attend impatiemment de reprendre les importations de gaz libyen (11% de ses achats), à l'approche de l'hiver. Il est vrai qu'ENI est aussi l'opérateur du champ gazier de Wafa au sud-ouest du pays, qui a continué à fonctionner pendant tout le conflit pour alimenter des centrales électriques libyennes. La compagnie italienne pourra également remettre en route très rapidement le champ gazier en mer de Bahr Essalam. Situé au large, et donc à l'abri des combats, il n'a subi aucun dommage. La reprise des exportations de pétrole sera beaucoup plus lente et progressive. Les infrastructures portuaires ont souffert, le principal terminal Brega est miné, si un premier tanker quitte les côtes libyennes d'ici le début du mois d'octobre, comme le promettent les nouveaux maîtres de Tripoli, ce sera de Tobrouk, dans l'est du pays. Par ailleurs, les compagnies étrangères n'enverront pas d'expatriés tant que la situation sécuritaire sera incertaine. Or, il y aura beaucoup de maintenance à réaliser. Le défaut du brut libyen, si recherché pour sa légèreté par les raffineries, c'est qu'il est aussi plus difficile à nettoyer lorsqu'il y a une interruption de l'alimentation dans les pipelines. Seuls les gisements pétroliers offshore des majors, comme al-Jurf ou Bouri, opérés respectivement par Total et ENI, pourraient reprendre très vite : indemnes, ces plateformes sont également très autonomes par rapport au continent, non seulement pour produire mais pour expédier les barils hors de Libye. Cependant, elles ont elles aussi besoin de personnel, qu'il faudra bien acheminer par avion depuis Tripoli quand la situation sécuritaire sera jugée meilleure. Enfin, ce pétrole offhore ne représente qu'une très faible part de la production de pétrole libyenne : moins de 10%. Ce pétrole est plus lourd et donc moins attendu par les acheteurs que le pétrole continental libyen.