«La priorité des priorités, aujourd'hui, au niveau du système financier est de changer le marché obligataire qui ne s'adapte plus au niveau de développement de notre pays», a affirmé M. Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT). Intervenant, hier, à l'occasion de la tenue de la 26ème édition des Journées de l'entreprise, M. Nabli a insisté sur l'impératif d'introduire des réformes institutionnelles et fonctionnelles au niveau dudit marché, pour plus d'efficacité. Analysant la situation du marché, le gouverneur de la BCT a décelé plusieurs insuffisances liées, essentiellement, à la flexibilité et à la transparence. Selon le gouverneur de la BCT, les réformes à engager s'avèrent nécessaires dans la mesure où le système financier tunisien en général souffre des mêmes lacunes, et ce en dépit des réformes engagées au cours des dernières années. Il a proposé à cette fin, de mener une «grande révolution financière», devant toucher toutes les composantes de ce marché (banques, Bourse, assurances, intermédiaires en Bourse...) en vue d'en améliorer les modalités de fonctionnement. L'objectif recherché est de développer le paysage financier de la Tunisie. Dans cette perspective, des groupes de travail ont été créés dans les différentes structures financières et reçu pour missions de déceler les lacunes dans un premier temps et d'identifier, dans un second temps, les nouvelles stratégies à mettre en place à cette fin, a-t-il indiqué. Abordant la situation économique du pays, M. Nabli a avancé que «la situation actuelle du pays est très difficile», relevant l'enjeu de recourir à l'ensemble des mécanismes disponibles (politique monétaire, budgétaire...), pour surmonter cette situation. Il est important que la BCT soit indépendante Il a rappelé, à ce titre que la BCT, dont la marge de manœuvre est devenue limitée, a baissé à deux reprises, cette année, le taux d'intérêt directeur de 4,5 pc à 4 pc et à 3,5 pc, en vue de soutenir les entreprises en difficulté en particulier et de préserver le tissu économique du pays en général. Evoquant la question de l'indépendance de la BCT, M. Nabli a indiqué «que cette question s'impose, vu, qu'à l'échelle internationale, on remarque une tendance d'utilisation de la politique monétaire comme un instrument politique». Depuis sa création en 1958, «la question de l'indépendance de la BCT s'est posée chaque fois qu'il y a un changement politique (à la fin des années 70, au milieu des années 80)», a-t-il rappelé. Et de préciser «qu'avec le fondement d'un Etat démocratique, il serait important que la BCT soit indépendante». S'agissant de la problématique de la convertibilité totale du dinar tunisien, M. Nabli a indiqué qu'on ne peut pas fixer une date précise pour ce fait. «La démarche de convertibilité se fera progressivement et elle dépendra évidemment de la situation économique actuelle nationale et internationale». Le gouverneur de la BCT a en outre opté pour un processus de libéralisation qui permet aux entreprises et aux investisseurs d'avoir les moyens de gérer au mieux leurs affaires.