Le Centre de biotechnologie de Sfax (CBS) organise, les 23 et 24 avril, en collaboration avec l'Association arabe de biotechnologie et l'Association tunisienne de biotechnologie, le troisième workshop international de la biotechnologie industrielle. L'objectif de cet atelier est d'échanger les connaissances et les récentes découvertes dans le domaine, mais aussi d'encourager les enseignants chercheurs arabes à collaborer et à travailler ensemble. «Cette rencontre scientifique est également l'occasion de valoriser les résultats de la recherche scientifique en matière de biotechnologie industrielle. Actuellement, le tissu industriel n'est pas capable d'exploiter ces résultats», indique professeur Samir Bejar, chercheur au CBS. Le nombre des participants a atteint 240. Des pays arabes comme l'Algérie, l'Egypte, la Libye, le Soudan, le Yemen, la Palestine et l'Arabie Saoudite, ainsi que d'autres pays comme la France et l'Espagne, sont également présents à cette rencontre internationale. La biotechnologie industrielle est déjà utilisée dans plusieurs domaines. Avec les changements que connaît la société et les préoccupations qui s'expriment en matière d'environnement, les applications industrielles de la biotechnologie dans les domaines de l'environnement, de l'agriculture ou encore de la santé deviennent une alternative aux techniques chimiques. «Les chercheurs arabes vont montrer les avantages de l'application de la biotechnologie industrielle dans les pays arabes. Ils vont évaluer les résultats des recherches en la matière. Ce workshop sera l'occasion de montrer la nécessité de passer de la théorie à l'application des résultats de la recherche. Les fédérations arabes et les conseils arabes de recherche ont un grand rôle à jouer en cette étape pour renforcer la coopération arabe en matière de recherche scientifique en biotechnologie industrielle», ajoute M. Bejar. Le développement des applications biotechnologiques a touché de nombreux secteurs. Il traduit l'intérêt accordé par les pays développés à ces procédés. Des budgets énormes sont réservés à la recherche en cette matière. «La Tunisie a accordé un intérêt particulier à la biotechnologie. Elle a investi dans le domaine de la recherche et l'enseignement supérieur pour développer les capacités humaines et techniques dans les différents domaines. Dès l'indépendance, notre pays s'est ouvert sur le monde. Il a donné une grande importance à la recherche scientifique. Dans ce registre, on évoque la loi de 1996 qui a développé la filière et ses mécanismes. Suite à cette loi, plusieurs laboratoires et unités de recherche ont été créés. La part du PIB réservé à la recherche scientifique est passée de 0.45% en 2000 à 1 % en 2010. Une partie des résultats de la recherche scientifique a été utilisée pour améliorer les outils de production et dans le processus de rénovation technologique», indique M. Moncef Ben Salem, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui était présent lors de la rencontre. Toutefois, ajoute le ministre, les fonds alloués à la recherche scientifique étaient insuffisants ou non orientés. Les visions dans ce domaine n'étaient pas claires. Ainsi, les résultats n'ont pas atteint le niveau souhaité. «Plusieurs résultats de recherche n'ont pas été exploités convenablement à cause du manque de complémentarité et de communication entre l'université et les unités de recherche d'une part, les industriels d'autre part. Ainsi, et pour la mise à niveau des secteurs de production, il est indispensable de donner des éclaircissements sur les mécanismes et les avantages offerts dans l'exploitation des résultats de la recherche scientifique à l'échelle nationale et internationale. Il est nécessaire, dans ce cadre, d'évaluer et de mettre en place une stratégie claire pour la recherche scientifique. Cette stratégie ne doit pas être sacrifiée en raison des rivalités politiques», affirme le ministre qui, par ailleurs, souligne la nécessité de créer des instances stables et indépendantes pour la planification, l'évaluation et la révision des résultats de la recherche scientifique : la création d'unités d'évaluation au sein des centres de recherche va aider à l'exploitation des résultats obtenus... Mais, tout d'abord, il faut avoir les fonds suffisants pour promouvoir la filière de la recherche scientifique.