Journée exceptionnelle, hier, à Sfax. L'annonce surprise de l'arrêt des activités de la compagnie aérienne Syphax Airlines a suscité pas mal d'interrogations et quelques réactions. En effet, M. Mohamed Frikha, le directeur général, a annoncé, hier matin, sur les ondes de Radio Sfax, l'arrêt des activités de Syphax Airlines et le remboursement de tous les billets. Une annonce sur un ton amer qui vient suite à de longues heures de tractations au sein du ministère des Transports. «Air France partage avec moi les aéroports français alors que chez moi, on m'interdit le principal aéroport de mon propre pays !», s'indigne le patron de la nouvelle et première compagnie aérienne privée qui a vu le jour après la révolution du 14 janvier. Les maux de cette nouvelle compagnie ont commencé à surgir dès le premier jour. Des problèmes avec les autorités aéroportuaires, avec le syndicat de Tunisair... Bref, un mauvais début à l'aéroport international de Tunis-Carthage et un mauvais traitement à celui de Djerba. Ainsi, pour M. Frikha, Tunisair n'a fait que perturber les mesures administratives de la première journée d'activité commerciale de sa compagnie. Il précise qu'il y a eu refus d'enregistrer les passagers de Syphax, ce qui a causé un retard de 3 heures. Par ailleurs, la tension est montée d'un cran lorsque des agents travaillant à l'aéroport de Djerba ont refusé dimanche matin l'enregistrement de 150 touristes sur un vol de Syphax Airlines. En dépit de la signature d'un accord entre toutes les parties la semaine dernière, le vol du 29 avril 2012 entre l'aéroport de Djerba et la capitale française a donné lieu à des échauffourées entre employés au sol et passagers, les premiers refusant de procéder à l'opération d'enregistrement. Quelque 150 voyageurs locaux et étrangers s'étaient présentés à l'aube pour prendre le vol spécial de Syphax Airlines mais, devant le refus des salariés de Tunisair Handling de s'occuper d'eux, ils ont essayé de bloquer les autres comptoirs d'enregistrement. Il a fallu l'intervention des forces de l'ordre pour que la situation redevienne normale, le vol décollant finalement avec plus de trois heures de retard. Rappelons que Syphax Airlines est une compagnie régulière qui se propose de desservir des destinations dans le bassin méditerranéen avec un système de management optimisé et «Cost effective». La nouvelle compagnie est dotée d'une flotte de deux A319 baptisés «Karama» et «Horria» en référence à la révolution du 14 janvier. En revanche, la compagnie publique Tunisair possède 32 avions. La relation entre ces deux compagnies, comme a toujours insisté M. Frikha, est basée sur la complémentarité et non la concurrence. Basé à l'aéroport de Sfax-Thyna, le réseau de Syphax Airlines sera marqué par des destinations internationales, principalement vers la France, avec des vols quotidiens prévus vers Paris, trois vols bihebdomadaires vers Marseille, Lyon, Nice et Rome. Au programme également, deux vols par semaine vers Casablanca, Istanbul et Benghazi. La compagnie, qui a créé 150 emplois, dont 80% pour des diplômés de l'enseignement supérieur, s'appuie sur le savoir-faire tunisien et l'expertise de consultants étrangers. Elle table, à long terme, sur la création de deux mille postes d'emploi.