LONDRES (Reuters) — Le gouvernement de coalition que s'apprête à former le leader conservateur David Cameron restera fidèle aux engagements de la Grande-Bretagne en Afghanistan et conservera des liens privilégiés avec les Etats-Unis, a assuré hier son futur secrétaire au Foreign Office, William Hague. Arrivés en tête du scrutin législatif du 6 mai, mais sans décrocher la majorité absolue, les Tories ont conclu mardi soir un accord de gouvernement avec le Parti libéral démocrate de Nick Clegg permettant à Cameron de succéder immédiatement au travailliste Gordon Brown, démissionnaire. Malgré leurs divergences sur l'opportunité de resserrer les liens avec l'Union européenne — les Tories sont majoritairement eurosceptiques contrairement aux Lib Dems — les deux partis sont convenus pour le moment de ne pas déléguer plus de pouvoirs à Bruxelles, a dit Hague. L'ex-leader tory qui a mordu la poussière aux élections de 2001 face à Tony Blair a souligné lors d'une interview à la BBC que l'Afghanistan, où 9.500 militaires britanniques participent à la lutte contre l'insurrection des talibans, serait sa première priorité. La mort de 285 soldats britanniques depuis l'invasion de 2001, les doutes sur la stratégie suivie sous la houlette des Etats-Unis et les interrogations sur les objectifs réels de cette guerre ont rendu celle-ci impopulaire auprès de l'opinion d'outre-Manche. Mais, si les Tories ont fait de la réduction du déficit record de 11% du PIB un thème prioritaire de leur campagne, Hague a souligné que cela n'impliquerait pas, au moins «cette année», une baisse des dépenses militaires, renvoyée à une révision future des objectifs de défense et de sécurité. USA, «partenaire incontournable» La question européenne est potentiellement l'une des plus graves sources de friction entre le Parti conservateur et le Parti libéral démocrate de Clegg, lequel est appelé à occuper le poste de vice-Premier ministre dans le gouvernement de coalition en cours de formation. Ancien député européen, Nick Clegg souhaite que son pays abandonne la livre sterling pour adopter l'euro, pourvu que les conditions économiques s'y prêtent, tandis que Cameron a affirmé en février que, s'il devenait Premier ministre, le Royaume-Uni «ne rejoindrait jamais la zone euro». Le pacte de coalition conclu par leurs deux formations pour obtenir une majorité absolue au parlement de Westminster prévoit qu'elles n'accepteront ni ne proposeront aucune mesure tendant à rejoindre la zone euro ou à déléguer de nouveaux pouvoirs à l'UE sans consultation préalable de la population britannique. «Tous les gouvernements britanniques rencontrent à un moment ou à un autre des difficultés sur la politique européenne, mais, compte tenu des discussions que nous avons eues et l'accord auquel nous sommes parvenus, nous n'allons certainement pas démarrer avec cet obstacle», a souligné Hague. Quant aux rapports avec les Etats-Unis, Hague a souhaité qu'ils soient «solides mais pas serviles», ajoutant: «Aucun doute que nous ne tomberons pas d'accord sur tout». Mais les Etats-Unis «restent le partenaire incontournable» non seulement en Afghanistan mais aussi dans les domaines du renseignement, du nucléaire et de la diplomatie internationale, a-t-il souligné.