Au moment où les férus de musique branchée se sont dirigés en masse vers l'un des festivals internationaux, une poignée de Tunisiens ont opté, en ce mardi 24 juillet 2012, pour un spectacle haut en nostalgie. Rick le Fever a apporté à la 30e édition du festival de la Médina une touche distinguée, quelque peu extravagante, mais tout aussi élégante et sublime que l'esprit de ce festival élitaire. Ce chanteur d'origine américaine a, en effet, permis au public de vibrer aux rythmes légendaires de l'idole des années 60 - 70, le « King» du rock, Elvis Presley. Il est 22h30 au Théâtre municipal de Tunis. On ne se bouscule point pour se disputer une place. Le public, composé en grande partie de quinquagénaires et plus, ne dépassait point les 80 personnes. Etonné forcément par une assistance aussi réduite, Rick le Fever a su contenir sa déception, accueillir comme il se doit son public et donner un spectacle riche en émotions et en souvenirs. Aussitôt les premières notes de rock'n roll jouées, les présents ont, comme par réflexe, réagi par des mouvements rythmés de la tête; des mouvements qui en disent long sur la soif de revivre encore une fois la fraîcheur de la jeunesse et le bon temps des années de la nonchalance. Les morceaux se sont succédé, entraînant les spectateurs sur des pistes fofolles, placées tantôt sous le signe du rock'n roll original, du twist, mais aussi du jerk et du blues. Rick le Fever, ou Elvis Presley ressuscité, accapare à la fois la vue et l'ouïe des présents. Habillé d'un costume-type à la Elvis, coiffé comme son idole au cheveu près, il se déplace sur scène avec tant de sûreté en soi, tant d'élégance digne d'un hommage sincère au roi du rock. Il enchaîne les plus grands tubes d'Elvis, comme «Return to sender», «Too much», «Love me tender» et tant d'autres. Conquis, le public a du mal à ne pas défier l'âge imposant sagesse et retenue. Des hommes et des femmes applaudissent avec ferveur chaque note, chaque chanson. Certains suivent le rythme du pied, tout en dodelinant de la tête. D'autres claquent des doigts, se réjouissant, sûrement, d'assister à un spectacle qui leur a permis de réaliser un rêve; celui de «voir» Elvis chanter. Le sosie n'a pas manqué de faire un petit clin d'oeil à un Tunisien , un certain Ezzedine, qu'il a connu il y a bien longtemps et qui rêvait que Rick se produisât en Tunisie. Chanson après chanson, le rêve devient réalité; une réalité qui enchante l'ouïe par une voix tellement proche de celle d'Elvis. Pour faire encore plus plaisir à un public qu'il trouve d'ailleurs sympathique, le chanteur change de costume et enfile une combinaison blanche et dorée. Il chante un morceau de blues légendaire, à savoir «Fever», avant de descendre au milieu du public, pour interpréter avec lui un autre morceau phare du répertoire d'Elvis. Et offrir à quelques présentes des foulards aux couleurs de l'étendard américain. Après plus de 35 ans de son décès, Elvis a été ressuscité pour faire chavirer encore les cœurs.