Un déjeuner-débat a réuni, hier, le nouvel ambassadeur de France à Tunis avec un groupe de journalistes tunisiens francophones. C'est dans un climat apaisé que le nouvel ambassadeur veut entamer son mandat en Tunisie «Je suis frappé par la qualité des élites tunisiennes, qu'elles soient arabophone ou francophones», a déclaré Mr François Gouyette, ambassadeur de France à Tunis au début du déjeuner-débat qui l'a réuni avec un petit groupe de journalistes francophones tunisiens hier au siège de la chancellerie. M. Gouyette, rappelons-le, a remplacé M. Boris Boillon, ex-conseiller de l'ancien président Sarkozy, dont le passage en Tunisie ne s'est pas fait sans incidents et surtout n'a pas pu réparer le souvenir de l'indéfectible soutien de la diplomatie française au dictateur déchu. Boris Boillon a été, selon la formule consacrée, «appelé à d'autres fonctions» depuis quelques semaines. Le nouvel ambassadeur, parlant une impeccable langue arabe, à été en poste à Tripoli jusqu'à l'année 2011. Il y a accompagné une importante partie de la révolution libyenne. Comme il a accompagné, il y a quinze ans en Turquie l'expérience de la transition démocratique et l'accès d'une coalition politique au pouvoir dominée par les islamistes locaux. «Je retrouve en Tunisie beaucoup de similitudes avec cette époque en Turquie. Les inquiétudes existentielles des laïques sont quasi les mêmes. La polarisation également de la société suscitait beaucoup de débats. Polarisation, qui risque il est vrai, lorsqu'elle devient excessive, de nourrir le rejet de l'autre», a signalé le diplomate. Sa mission en Tunisie, qu'il connaît bien pour avoir suivi certains de ses dossiers lorsqu'il travaillait au Quai d'Orsay à Paris, consiste essentiellement à soutenir le processus de la transition démocratique et à renforcer les échanges économiques, sociaux, politiques et culturels avec le pays de la première révolution arabe «si les Tunisiens le souhaitent», affirme-t-il sur un ton prudent. C'est dans ce cadre, d'un climat apaisé avec la Tunisie, que la France, malgré ses récentes contraintes budgétaires a souscrit 425 millions d'euros au profit de la Tunisie. D'autre part, un millier de bourses françaises continuent à être versées à des étudiants tunisiens. «Mais le principe même du partenariat avec la Tunisie repose sur un socle de valeurs auxquelles nous sommes attachés, les droits de l'Homme, les droits de la femme, les libertés individuelles, la liberté de la presse. Et nous n'hésiterons pas à rappeler ces principes encore et toujours...». L'ambassadeur avait évoqué pour exemple la déclaration officielle de la France lors de l'affaire de la jeune femme violée. La France avait offert à l'occasion son aide et son soutien à la victime. Après la visite du président Moncef Marzouki à Paris en juillet dernier et la rencontre entre les deux présidents français et tunisien à Malte dernièrement, c'est le président François Hollande, qui se déplacera à Tunis au début de l'année 2013 a annoncé François Gouyette. Il sera précédé par un groupe du Medef (l'organisation patronale française), le 29 novembre prochain. Et parce que la France et la Tunisie bénéficient d'une belle cote d'amour en Lybie, le projet de s'associer pour reconstituer ce pays voisin semble sur le bon chemin. Mais l'insécurité règne encore sur nos frontières sud... L'échange entre l'ambassadeur et les journalistes a beaucoup focalisé sur la vie politique tunisienne, ses enjeux, ses perspectives, ses scénarios multiples. «Je suis convaincu que la qualité des hommes et des femmes en Tunisie ainsi que la vitalité de sa société civile représentent des facteurs positifs et pourront faire surmonter à la société ses difficultés et ses inquiétudes actuelles», a ajouté M. Gouyette.