Le groupe des 25 avocats dépose une plainte contre le ministre des AE Le parquet a ordonné, hier, l'ouverture d'une enquête pour vérifier la véracité des révélations communiquées par la blogueuse Ofla Riahi, faisant état de présomptions de malversation et de gaspillage des deniers publics qui pèsent contre le ministre des Affaires étrangères Rafik Abdessalem, apprend-on auprès du ministère de la Justice. Le ministre des Affaires étrangères a déposé une plainte à son tour contre la blogueuse et entend la poursuivre en justice pour les accusations portées contre lui, a indiqué à l'agence TAP une source officielle au sein du ministère. Me Fethi Laayouni a indiqué, lundi, à l'Agence TAP, que le ministère des Affaires étrangères l'avait chargé avec d'autres avocats de porter plainte auprès du procureur de la République près le tribunal de première instance de Tunis contre la blogueuse Olfa Riahi pour «informations infondées et visant à porter atteinte au ministre des Affaires étrangères et aux institutions de l'Etat». D'autre part, le «groupe des 25 avocats» a décidé de déposer une plainte contre le ministre des Affaires étrangères, Rafik Abdessalem, en invoquant l'article 96 du Code pénal, a déclaré hier à l'agence TAP l'avocat Cherfeddine Kellil. La plainte sera déposée dans une semaine au plus tard, «quelle que soit la position du ministère public», a avancé Me Kellil, membre du groupe. Il s'est, dans ce sens, dit «certain» que le ministère public n'engagera pas de poursuites «parce qu'il est sous l'emprise du ministre de la Justice». La nouvelle, notons-le, est tombée plus tard dans la journée, qui informe que le parquet ordonne une enquête officielle sur l'affaire. La blogueuse Olfa Riahi avait publié, fin décembre, des informations, appuyées par des documents authentiques, selon lesquelles M. Abdessalem aurait «résidé à plusieurs reprises à l'hôtel Sheraton à Tunis aux frais du ministère des Affaires étrangères, alors que son domicile personnel est proche de son lieu de travail». Ces révélations ont suscité une grande polémique dans les médias et sur le Net. Le service financier du ministère des Affaires étrangères a affirmé, dans un communiqué, que les dépenses de séjour du ministre dans un hôtel de la capitale aux dates citées par les médias et les réseaux sociaux «sont conformes aux normes de gestion du budget du département». La présidence du gouvernement avait pour sa part exprimé sa solidarité avec le ministre des Affaires étrangères et avec tous les membres du gouvernement contre «les campagnes de dénigrement et les rumeurs colportées avant l'aboutissement de l'enquête officielle». De son côté, l'Association tunisienne pour la transparence financière a exigé, hier, l'ouverture d'une enquête sur les dépenses du ministre des Affaires étrangères dans un hôtel de Tunis. L'association demande que les résultats de l'enquête soient communiqués à l'opinion publique et soumis à la Cour des comptes conformément à la législation en vigueur. Elle réclame également, dans un communiqué, que la lumière soit faite sur un versement de un million de dollars effectué par la République Populaire de Chine «sur un compte autre que ceux du Trésor public». Le Code de la comptabilité publique, rappelle le communiqué, interdit aux administrations d'ouvrir leurs propres comptes, sauf dans des cas exceptionnels et sur autorisation du ministre des Finances. L'association invite le ministre des Affaires étrangères à restituer les sommes dépensées illégalement, précisant qu'il n'existe aucune mention, dans le budget du ministère, autorisant le ministre à séjourner aux frais du département dans un hôtel situé dans la même ville que son lieu de résidence.