«Notre soutien à l'initiative de Hamadi Jebali relative à la formation d'un gouvernement de compétences nationales non partisanes est définitif et sans équivoque. Les ministres d'Ettakatol sont, dès aujourd'hui, à la disposition du chef du gouvernement. S'il les appelle à démissionner, ils n'auront qu'à le faire. Ma conviction est que les dirigeants d'Ennahdha finiront par faire prévaloir la voix de la raison et appuyer la proposition de Hamadi Jebali». Le Dr Mustapha Ben Jaâfar, secrétaire général d'Ettakatol et président de l'Assemblée nationale constituante, n'y est pas allé, hier, par quatre chemins, lors d'une conférence de presse tenue au siège du parti, pour souligner: «Les heures que nous vivons actuellement sont dures et pénibles, le danger est réel et la situation appelle les partis au pouvoir et dans l'opposition et les composantes de la société civile, dont en premier lieu l'Ugtt, à assumer pleinement leurs responsabilités, à s'opposer énergiquement à la violence politique et à mettre la main dans la main afin que notre formidable révolution n'échoue pas. Aujourd'hui, tout le monde, plus particulièrement à l'étranger où notre expérience démocratique est prise pour un modèle, est convaincu qu'au cas où nous échouerions, toutes les révolutions du Printemps arabe connaîtront un sort similaire». Une réponse qui s'imposait Revenant sur l'initiative de Hamadi Jebali, il a précisé qu'elle «n'est pas fortuite. Elle constitue, plutôt, la réponse idoine aux événements tragiques qu'a connus le pays depuis octobre dernier quand certains ont appelé à la dissolution de l'ANC, estimant que la légitimité électorale était révolue, à l'agression des syndicalistes le 4 décembre 2012, en passant par les affrontements survenus à Siliana en novembre de la même année». «Au parti Ettakatol, ajoute-t-il notre approche était que la Tunisie avait besoin d'un choc positif qui rétablirait la confiance des Tunisiens et leur enverrait un signal rassurant. Dès le départ des négociations, nous avons insisté à assurer la neutralité des ministères de souveraineté, notamment ceux de la Justice et des Affaires étrangères, tout en appelant à un dialogue national avec la participation de toutes les forces politiques nationales et des représentants du tissu associatif. Malheureusement, les concertations n'ont pas abouti. Aujourd'hui et après l'assassinat de Chokri Belaïd, un assassinat que nous considérons comme une véritable catastrophe nationale, Ettakatol annonce ouvertement son appui à l'initiative de Hamadi Jebali pour la constitution d'un gouvernement de compétences nationales, qui représente, à nos yeux, un prolongement de notre appel à ce que les ministères de souveraineté soient mis à l'écart des tiraillements et des calculs politiques partisans». Les quatre priorités d'Ettakatol Après avoir salué la position de l'ensemble des familles politiques qui ont exprimé leur soutien à la légitimité de l'Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaâfar a insisté «sur les quatre priorités suivantes qui ont sous-tendu la position d'Ettakatol. D'abord, l'intérêt national. En soutenant la proposition de Jebali, nous n'avons aucunement l'intention de tirer le tapis sous les pieds de quiconque. Notre objectif principal est que cette initiative réussisse à tout prix. Ensuite, la préservation de la légitimité issue des élections du 23 octobre 2011. Contrairement à ceux qui ont commencé à semer le doute dès les premiers jours de la formation du gouvernement de la coalition, j'ai aujourd'hui le sentiment que notre pays a été bien épargné de tomber dans l'anarchie et le chaos grâce précisément à ce gouvernement. Enfin, la Tunisie n'étant pas isolée dans son environnement immédiat, il nous est impératif de prendre en considération ce qui se passe en Libye, en Algérie et au Mali, d'où la nécessité impérieuse de renforcer notre front intérieur et de penser dès à présent à la réconciliation nationale et tourner la page du passé. Afin de cimenter ce front sans pour autant négliger de juger tous ceux impliqués dans la corruption et la malversation. Dernière priorité : pour Ettakatol, ce qui compte le plus est de conduire la transition démocratique à bon port, celui des prochaines élections qui installeront définitivement la légitimité. Nous avons réussi à organiser les élections du 23 octobre 2011 et nous ferons de même lors des futures élections». Le secrétaire général d'Ettakatol n'a pas manqué de lancer un message au parti Ennahdha en précisant : «Nous comprenons les hésitations d'Ennahdha, voire leur peur de perdre le pouvoir. Toutefois, nous sommes sûrs que les responsables de ce parti finiront par placer l'intérêt supérieur au-dessus de toute autre considération et feront prévaloir la voix de la raison et de la responsabilité en apportant leur appui à la proposition du chef du gouvernement». Comment réagit-il aux positions des autres partis, principalement celles du CPR, et considère-t-il que la courte période qui nous sépare des élections autorise la formation d'un gouvernement dont les membres n'ont pas d'expérience ? Pour Mustapha Ben Jaâfar, les choses sont claires : «Les positions du CPR engagent le CPR et je n'ai pas à les commenter. Quant à l'inexpérience des futurs ministres, je pense que la situation actuelle impose une nouvelle donne. Nous avons plus que jamais besoin d'adresser aux Tunisiens un message rassurant sur la neutralité du gouvernement». Les ministres d'Ettakatol vont-ils démissionner ? «Pour nous, le terme démission n'a plus de signification et nos ministres mettent leurs compétences à la disposition du chef du gouvernement», conclut le secrétaire général d'Ettakatol.