La Tunisie abrite depuis hier et jusqu'à demain, au Palais des congrès, le premier Forum de l'économie solidaire et sociale en Méditerrannée, un mois après le Forum social mondial, avec la mobilisation d'une pléïade de personnalités de renom réunies autour de 70 initiatives économiques, sociales et politiques durables. L'économie solidaire et sociale est à la mode aujourd'hui, encore trop timide dans l'agenda des gouvernements, mais elle se positionne lentement et sûrement, en coopérant en vue d'assumer la responsabilité d'entrepreneurs et de bâtisseurs d'un monde plus équitable, plus responsable. L'objectif de la mise en œuvre de l'économie solidaire et sociale est de contribuer à la construction d'un espace méditerrannéen plus pacifique, plus sûr et plus prospère, comme le stipule depuis vingt ans la déclaration de Barcelone. L'exigence d'un renouveau démocratique tant sur la rive nord que sur la rive sud ne se limite pas à la sphère politique, mais la dépasse pour envahir celle de l'économique et du social. D'où la nécessité de créer de nouveaux modèles de développement qui favorisent la participation citoyenne, qui ne spéculent ni ne délocalisent, qui respectent l'environnement, facteurs fondamentaux pour la construction d'un écosystème méditerranéen favorable au développement des acteurs de l'économie solidaire et sociale. Cet évènement sera une opportunité pour faire tomber les barrières et décloisonner les mondes des institutions, des entreprises «classiques», des entreprises sociales et de la société civile, afin de favoriser des coopérations ambitieuses et opérantes. Environ 50 initiatives en provenance du bassin méditerranéen sont exposées au Palais des congrès de Tunis représentant un carrefour d'échange, d'inspiration et d'innovation qui tourne autour de l'économie solidaire et sociale (ESS), cette nouvelle approche pratique du concret, de la proximité, du terrain. La cinquantaine d'initiatives réunies à Tunis sont le fruit d'un travail de sélection mené par des comités nationaux installés à Tunis, au Maroc et en France pour identifier les actions et les entreprises les plus performantes, ainsi que les entrepreneurs de l'ESS méditerranéenne dont les témoignages sont essentiels pour mieux connaître et mieux faire connaître «l'entreprendre autrement». Le rendez-vous pour agir La première séance plénière a été consacrée à la présentation du projet MED-ESS. M. Noureddine Zekri, président d'Anima investment network, a indiqué que l'événement MED-ESS se veut un parcours d'engagement, de découverte et d'action où les partenaires sont appelés à partager les fondamentaux de la dynamique MED-ESS et contribuer à l'avenir de l'économie sociale et solidaire en Méditerranée, à découvrir les réalités concrètes, les enjeux et les perspectives de l'ESS, à concentrer les énergies pour développer et démultiplier les initiatives de l'ESS. Les conférences plénières qui seront présentées durant les trois jours du Forum permettront de lancer la dynamique, de donner les repères et de définir les grands défis de l'ESS en Méditerrannée. Des sessions d'échanges avec les entreprises et les structures d'appui à la création et au développement de l'ESS en Méditerranée sont prévues pour découvrir les pratiques innovantes. La conférence d'ouverture a porté sur le thème «Les hommes et les femmes de la Méditerranée face aux nouveaux enjeux économiques et sociaux», où M. Zekri a posé la question des populations dans un contexte économique et social complexe. A quels défis sont confrontés les hommes et les femmes des rives nord et sud en termes d'emploi, de formation, de répartition des richesses ? Quelle est la situation des femmes, des jeunes, des populations rurales ? Quelles place pour la démocratie en Méditerranée? De son côté, Mme Asma Mansour, fondatrice du Centre tunisien pour l'entrepreneuriat social, a souligné que la crise financière, tant au Nord qu'au Sud, «impose un renouveau démocratique et socio-économique qui passe aussi par d'autres façons de construire l'économie. L'entreprise solidaire montre qu'elle peut être une force de changement et de consolidation du lien social».