La nature est, on ne peut plus, en deuil, ces jours-ci en Tunisie, eu égard aux ravages que subissent nos forêts et tout l'écosystème, au demeurant de plus en plus fragile et menacé de tous bords. Au-delà des opérations de déforestation qui ont touché plus de dix mille hectares depuis la révolution de la liberté et de la dignité, c'est aussi la faune sauvage qui est dans le pétrin. Déjà la réserve de Chaâmbi est dans un état déplorable et plusieurs menaces pèsent sur sa survie, notamment après les derniers développements sur la scène politique et les opérations criminelles perpétrées par des terroristes contre l'armée nationale. Celle-ci a décidé d'en découdre avec ce tableau noir et est passée à l'offensive en bombardant à coup de canon plusieurs positions et points soupçonnés d'abriter des terroristes où de constituer des lieux d'embuscade. Des feux sont, hier, toujours en activité à Doghra, non loin de la route nationale reliant les deux villes de Kasserine et Feriana et dans la localité de Bir El Khoudhran dans l'imada de Brig au nord de la réserve. Le chef de division des forêts de Kasserine a même estimé que ces incendies représentent un danger imminent pour la forêt et les habitants qui seraient, le cas échéant, contraints de quitter les lieux pour éviter le pire et assurer leur survie et celle de leur cheptel. A Jbel Ouergha, les forces de sécurité, la protection civile et les services forestiers sont sur le qui-vive et mettent de la pression pour circonscrire les feux qui se sont déclenchés à Jbel Guiboub, Souden et Bouadila. Si le premier incendie, celui de Guiboub a été circoncrit, les deux autres ont pris de l'ampleur favorisés en cela par des vents légers qui ont rajouté de l'huile sur le feu et contribué à la propagation des incendies vers de nouvelles zones. En dépit des moyens déployés pour circonscrire le sinistre, le feu continuait hier à ravager une bonne partie de la forêt de pins d'Alep résineux et rapidement inflammable. Des explosions, fortes et surprenantes, ont eu lieu hier après-midi, créant une atmosphère de psychose généralisée chez la population et les intervenants. Toutefois, des sources concordantes estiment qu'il s'agit d'explosions de bombes soit datant de la Seconde Guerre mondiale, soit de la période de la guerre d'Algérie d'autant plus que les moujahidines algériens avaient élu leur quartier général et un poste de commandement dans cette zone précise. Le feu s'est propagé hier vers la frontière algérienne et menaçait même certaines habitations limitrophes du périmètre forestier, alors que le couvert végétal avait touché plusieurs dizaines d'hectares selon des estimations non officielles. La question que tout un chacun se pose est la suivante : s'agit-il d'un acte prémédité ou d'une défaillance quelconque ? Il faut cependant rappeler que Jbel Ouergha est soupçonné d'abriter des terroristes et plusieurs opérations de ratissage y ont été effectuées par l'armée et la Garde nationale sans donner de résultats tangibles. Un seul credo est aujourd'hui sur toutes les lèvres des Tunisiens. Tous unis pour sauver notre patrimoine et notre pays.