«Réduire les écarts de salaires et de prestations entre les secteurs public et privé, utiliser de façon plus mesurée les subventions salariales pour encourager l'embauche et mieux cibler ces subventions sur les défavorisés, les peu qualifiés et les chômeurs de longue durée» L'OCDE vient de publier son nouveau rapport de la série « Meilleures politiques» intitulé «Tunisie, un programme de réforme à l'appui de la compétitivité et de croissance inclusive 2015», portant sur l'emploi des jeunes et le développement régional qui doivent constituer les priorités essentielles pour garantir la stabilité et la prospérité. D'après ce rapport, « l'ancien modèle de développement en Tunisie s'est épuisé et a abouti à d'importantes disparités régionales, des interventions fréquentes de l'Etat dans l'économie qui brident la productivité, et à un taux de chômage élevé chez les femmes et chez les jeunes, incitant ces derniers à se tourner vers des emplois informels ou encore à émigrer». Des réformes sont, en effet, nécessaires à engager afin d'assurer la croissance des entreprises et l'entrepreneuriat et de mettre en œuvre les fondements d'une économie concurrentielle génératrice d'emplois. L'étude montre également qu'il «est nécessaire de réduire la dualité du marché du travail et de combattre les disparités régionales à travers des infrastructures renforcées et des politiques sociales ambitieuses», ceci sans pour autant négliger la nécessité de remédier aux vulnérabilités du système bancaire et en réduisant le déficit budgétaire. Le rapport passe en revue les politiques du marché du travail et dénombre les recommandations clés visant à son développement, à savoir: la mise en place d'un système d'indemnisation du chômage, l'extension du programme de transferts monétaires non conditionnels (programme national d'aide aux familles nécessiteuses) «afin d'offrir en dernier recours un filet de sécurité de base», et le renforcement des services publics de l'emploi et le système d'aide à l'entrepreneuriat. En outre, il convient d'engager un dialogue social constructif qui prend en considération la situation des jeunes, «réduire les écarts de salaires et de prestations entre les secteurs public et privé, utiliser de façon plus mesurée les subventions salariales pour encourager l'embauche et mieux cibler ces subventions sur les défavorisés, les peu qualifiés et les chômeurs de longue durée». Selon la même source, faciliter le passage de l'enseignement au travail dépend du développement de l'efficacité de l'enseignement et de la formation professionnelle. Il s'agit, par ailleurs, de veiller à orienter les jeunes vers les secteurs où il y aura une expansion de l'emploi, « ces domaines sont vraisemblablement l'énergie renouvelable, les déchets et le recyclage, l'éco-tourisme, l'exportation de produits agricoles biologiques et la construction». D'autres recommandations consistent en l'élaboration d'une stratégie définissant clairement les objectifs à court et à long terme visant le développement du soutien à l'entrepreneuriat ainsi que les rôles des partis prenantes. Il s'agit, en outre, de faire en sorte que toutes les régions bénéficient de services de formation à l'entrepreneuriat de qualité, d'accroître le soutien à la création d'entreprises dans une perspective à moyen et long terme et d'apporter un soutien supplémentaire aux créatrices d'entreprises potentielles. Les indicateurs tels que mentionnés dans le rapport montrent qu'environ «deux jeunes actifs sur cinq sont en chômage et un jeune sur quatre n'est ni employé, ni scolarisé, ni en formation, soit près de deux fois plus que dans la plupart des pays de l'OCDE. Si l'emploi des jeunes dans les pays d'Afrique du Nord constitue un défi commun, la Tunisie a tous les atouts pour servir d'exemple dans la région».