Le développement du produit artisanal passe nécessairement par le design industriel qui lui permet d'être pérenne Les artisans sont-ils réticents à l'innovation ? Faut-il apporter des nouveautés sur le produit artisanal authentique ? Des questions qui se sont imposées d'elles-mêmes au cours des travaux du colloque : «Artisanat, design et environnement : une synergie pour de nouvelles opportunités créatives et économiques», organisé en marge du Salon de la création artisanale les 27, 28 et 29 avril au Palais de la foire du Kram. Dans son exposé, Sami Ben Ameur, professeur à l'Isbat et coordinateur scientifique du colloque, a mis en relief le statut de l'artisan/designer qui s'avère, selon lui, «plus que jamais un besoin nécessaire dans notre société actuelle et il l'est encore davantage, à cause de son défi de protection de l'environnement, attirant de plus en plus les écologistes : la main, seule énergie humaine non polluante, a son mot à dire pour redonner l'harmonie à la nature et aussi aux projets de récupération et de recyclage des déchets... Artisanat, design et environnement sont devenus les mots-clefs pour une synergie opérationnelle et une action d'influence mutuelle, afin d'assurer un avenir humainement meilleur, créatif et économiquement prospère». L'art ou l'artisanat ? Où commence l'innovation et où s'arrête l'authenticité ? Une question essentielle posée par Abderahmane Ayoub, chercheur en patrimoine dans son intervention intitulée : «Artisanat et savoir-faire renouvelé». S'agit-il d'artisanat d'art, de service ou utilitaire ? Comment rendre à l'Office de l'artisanat ses prérogatives culturelles de formateur? Produit artisanal traditionnel ou produit artistique dont on parle de plus en plus aujourd'hui ? C'est sur une série de questionnements que l'intervenant a porté sa réflexion. La revalorisation de l'artisanat peut passer par la coexistence entre les deux, autrement dit, le produit artisanal traditionnel et le produit artistique. «Rien n'empêche l'artisan de continuer sur sa voie et l'artiste d'innover, de son côté. Le produit artisanal peut avoir des racines ancrées dans le patrimoine ancestral», a indiqué l'intervenant, soulignant, par ailleurs, que la transmission transgénérationnelle est nécessaire et qu'en fin de compte le savoir et le savoir-faire se rejoignent. Le design, un nouvel enjeu Dans sa communication sur le thème : «L'artisanat dans le design industriel et l'architecture», Ludovica Serafini, architecte designer, a affirmé que le développement du produit artisanal passe nécessairement par le design industriel qui permet à ce produit d'exister encore de nos jours et d'être apprécié par les gens. Elle a illustré son exposé par des images de produits réalisés par l'association «Palomba Serafini» dont elle est la cofondatrice. Pour sa part, Catherine Elie, expert de France, a abordé «les facettes de l'innovation artisanale» révélant qu'en France, les artisans ont été formés à un métier technique, mais pas nécessairement artistique. «Dans le processus de formation des artisans, il est important d'introduire le design, car le produit artisanal est déjà cher parce que fait à la main et si on y ajoute le travail du designer cela le rend encore plus cher, c'est pourquoi il faut former les artisans au design». D'autre part, et selon l'intervenante, «le partenariat entre clients et artisans est indispensable pour développer le secteur». Ce colloque est la suite d'un premier colloque organisé dans le même cadre en 2010 sous le titre : «Le design et les enjeux socio-économiques» qui a permis de soulever les problèmes et de proposer des perspectives de travail et des solutions pour de nouvelles opportunités créatives et économiques.